Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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23 juin 2023.
À peine six mois après son apparition aux Transmusicales et au Musée du Quai Branly, dans le cadre de l’expo dédiée aux “Black Indians” et en attendant un retour déjà annoncé en octobre prochain, le Gang était de retour pour une courte tournée essentiellement centrée sur les festivals mais qui faisait étape au New Morning.
Comme en décembre, c’est dans une configuration emmenée par un seul “Big Chief”, Romeo Bougere des 9th Ward Hunters, accompagné de trois “spy boys”, Theodore Gurley, Syrajh Davell Hamilton et Walter Blakk qui suppléent à l’absence de l’autre Big Chief, Jermaine Boissier des 7th Ward Creole Hunters, que se produit le groupe. Si cela avait constitué une certaine faiblesse la dernière fois, en laissant souvent Bougere seul au premier plan, ça n’est pas le cas ce soir, tant les différents spy boys assurent cette fois leur rôle de soutien de façon active. Derrière les quatre Indians, dont deux sont en costume, se tient l’orchestre emmené par le batteur Eric Heigle, membre des Lost Bayou Ramblers et producteur de l’album “Expect The Unexpected”, avec Raja Kassis à la guitare, Cesar Bacaro aux percussions et Taylor Guarisco à la basse.
Au vu de la rareté des concerts du genre, les prestations de décembre avaient été de véritables évènements pour les amateurs, mais le cadre un peu stérile de l’auditorium du Musée du Quai Branly et son orientation “musiques du monde” avaient un peu limité l’impact de la musique du groupe, qui avait choisi d’accorder une place importante au répertoire traditionnel, au détriment de ses propres chansons. Pas besoin de ce genre de précaution cette fois-ci : la fosse du New Morning est bien remplie, et le public est là pour danser et profiter de l’ambiance festive associée à la musique des Mardi Gras Indians. Il ne sera pas déçu, tant le groupe, bien plus à l’aise et dans son élément qu’il y a six mois, est une fantastique machine à groove.
Si quelques classiques du genre sont au programme, comme Handa wanda, c’est autour des chansons de “Expect The Unexpected” que tourne le concert, avec des titres accrocheurs comme Brand new day et 79rs bout to blow, mais aussi des compositions plus posées comme le très intense Stop the water, qui évoque le souvenir des suites de l’ouragan Katrina et s’interrompt le temps d’une prière poignante, que Bougere dédie à la mémoire de sa grand-mère.
Le temps de recueillement est cependant bref, et c’est l’humeur festive qui prédomine, avec une implication importante du public régulièrement sollicité par Bougere pour chanter et taper dans ses mains. Mais ce côté “crowd pleaser” ne se traduit pas par des facilités au plan musical. Si le groupe est très réactif – Bougere et Heigle se concertent régulièrement entre les morceaux –, l’ensemble repose sur une trame instrumentale très cadrée, qui accorde une place majeure aux percussions et à des rythmiques très élaborées auxquelles participent l’ensemble des présents – ce qui n’empêche pas Raja Kassis de balancer quelques solos bien sentis.
Pour une fois, le concert se déroule d’une traite, sans entracte, et l’absence d’interruption ne fait que renforcer l’ambiance dans le New Morning. Sans surprise, c’est avec une parade à travers la salle que se termine le concert, avec une belle version finale du classique Indian red qui se tient comme par hasard… juste à côté de la table de merchandising ! Le public aurait bien poursuivi encore longtemps la soirée, mais il faudra se contenter d’un seul rappel et patienter jusqu’à l’automne pour réentendre le groupe.
Au vu du succès populaire que rencontre 79rs Gang malgré l’absence de distribution de son album, il est possible de rêver à un “Indians boom” qui nous permettrait de voir sur scène d’autres ensemble du genre, qu’il s’agisse des historiques comme les Wild Magnolias emmenés désormais par le fils de Bo Dollis ou de celui de Monk Boudreaux ou de la nouvelle génération emmenée par The Rumble et Cha Wa…
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Maxim Francois