Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
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Dès le premier tiers du XVIIe siècle, avec la déportation à grande échelle par les Européens des Africains pour les réduire en esclavage, l’histoire des Antilles et de l’Amérique se confond par le biais de la colonisation. De nos jours, avec le recul, on identifie bien les points communs de l’héritage né de cette oppression, car les racines des musiques antillaises et afro-américaines sont les mêmes. Bien sûr, au fil des décennies et des siècles, elles vont évoluer et se forger des identités et des traditions propres. Marc Dufaud a donc choisi de faire escale aux Antilles pour publier chez Casa Éditions un livre intitulé Les musiques antillaises – Des origines à nos jours.
Il ne s’agit pas d’une étude approfondie desdites musiques mais plutôt d’un panorama chronologique a priori destiné au lecteur soucieux de les découvrir. Après une introduction d’une quarantaine de pages sur l’histoire de la musique antillaise, l’ouvrage se concentre sur des décennies précises et des thèmes comme les débuts de la biguine, l’âge d’or des années 1940, le gwoka, les producteurs et labels, les années 1970, le zouk, les chanteuses, la période 2005-2023…
Cela semble complet mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit que ce patchwork d’informations d’ailleurs connues souffre d’approximations. La « chronologie de l’esclavagisme » débute avec l’arrivée en Martinique de Christophe Colomb en 1502, alors qu’il avait débarqué en Guadeloupe neuf ans plus tôt ! Puis il est question de neg mawo (sic), d’Eugène Mona que l’on surnommait le bluesman à la flûte (ah bon ?), et l’auteur se noue méchamment les mains en évoquant les maîtres tambouyés du gwoka : le vrai nom de “Carnot” serait ainsi Marcel Loli alors que c’est François Moléon Jernidier, ce Loli étant évidemment l’inoubliable Marcel Lollia dit “Vélo”…
En outre, que de clichés, d’anglicismes et de jeux de mots douteux dans les titres de chapitres, du genre “All biguines in Paris”, “Non aux ka-danses infernales !”, “The biguiners and Co”, “Un sacré zouk”… Autant d’artifices qui mettent au jour la méconnaissance du sujet d’un auteur qui disposait pourtant visiblement d’une documentation importante. Dommage.
Daniel Léon
• Les Musiques Antillaises – Des origines à nos jours
Par Marc Dufaud. Casa Éditions, 160 pages, 36,95 €