Bizz’Art, la soul en partage
10.10.2024
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Le festival fête un anniversaire spécial cette année. Pouvez-vous nous parler de la genèse de l’événement créé en 2014 par votre fils Stéphane Huget ?
Il m’est très difficile de répondre n’étant que le témoin de ce que Stéphane a réalisé, à savoir : s’aventurer dans la création d’un festival, le Megève Blues Festival. Dans le petit monde de Megève, son village d’adoption, il reste à jamais celui qui a bousculé les codes pour faire naître un festival hors norme. À la base, il y a sa passion pour la guitare, son implantation à Megève au début des années 2000, dans sa boutique, ses collections de “fringues” côtoient sa collection de guitares et d’amplis, elle sera un lieu de rencontres et de musique dont les voisins se souviennent… Puis en 2013 deux rencontres : Manu Lanvin et Laurent Picciotto [horloger de renom et passionné de guitare] et c’était parti !
À quand remonte votre intérêt envers le blues ?
À la différence de Stéphane, je n’ai jamais tenu un instrument de musique, mais je l’ai tellement entendu parler du blues, de son blues, que j’ai l’impression de l’avoir toujours connu…
Quel était votre rôle dans l’organisation de ce festival au fil des éditions, et quelles touches personnelles avez-vous apportées depuis que vous avez pris la direction ?
Toute l’organisation était l’œuvre de Stéphane, un sacré numéro d’équilibriste et de grands moments de solitude, je mesure tout cela aujourd’hui… Dans l’ombre, mon modeste rôle était administratif, la partie qu’en bon organisateur Stéphane détestait. La reprise du festival s’est imposée à moi lorsque, en 2022, sa fille Charline est montée sur scène de façon improvisée pour déclarer « vouloir reprendre cet héritage et poursuivre le rêve de son papa. » On sait quel était ce rêve, continuer, année après année, de faire grandir le festival, je n’apporte rien, je marche dans ses traces.
“Dans le petit monde de Megève, son village d’adoption, Stéphane Huget reste à jamais celui qui a bousculé les codes pour faire naître un festival hors norme.”
René Huget
Pouvez-vous nous parler de l’équipe du festival ?
L’équipe du festival, c’est 60 bénévoles sans lesquels rien ne serait possible, mais surtout Chloé pour toute la partie communication, site web, réseaux sociaux, dossiers de presse ; Laure pour la partie billetterie et technique, Mathieu pour toute la logistique, scène, hébergement, transports et les démarches administratives.
Quelles ont été les évolutions majeures en 10 ans ?
Les évolutions majeures de ces dix dernières années : Stéphane nous a quittés le 30 mai 2021 après un long combat contre la maladie. L’Espace Club, unique source de financement, est passé de 50 membres en 2014 à 600 en 2023 avec pour conséquences de devoir trouver un autre endroit, la place de l’église devenant trop étroite. On va donc se déplacer sur l’esplanade du Palais sans pour autant quitter la place de l’église qui accueillera les tremplins.
La soirée spéciale anniversaire organisée le 21 juillet 2024 marquera le retour de trois artistes (Manu Lanvin & The Devil Blues, Johnny Gallagher et Henrik Freischlader) bien connus des festivaliers, dont certains étaient d’ailleurs déjà là en 2014. Est-ce qu’il a été difficile de les convaincre de revenir ?
Pour la soirée anniversaire et concernant les trois artistes connus qui sont surtout trois grands amis depuis le premier jour, il aurait été plus difficile de les convaincre de ne pas venir !
Le reste de la programmation est marquée par la présence de Mr. Sipp, de Vanessa Collier et surtout de Shemekia Copeland, qui se produira en exclusivité à Megève. Pouvez-vous nous parler de ces choix et plus largement comment élaborez-vous la programmation ?
Pour le reste de la programmation : les quatre artistes américains sont en exclusivité : Vanessa Collier, Mr. Sipp, Shemekia Copeland étaient têtes d’affiche au Chicago Blues Festival début juin, Devon Allman est lui aussi en exclusivité. Là encore, je suis dans les traces de Stéphane en m’appuyant sur Fabrizio Grossi, Supersonic Blues Machine, qui manage les artistes outre-Atlantique.
“La reprise du festival s’est imposée à moi lorsque, en 2022, ma petite-fille Charline est montée sur scène de façon improvisée pour déclarer « vouloir reprendre cet héritage et pour suivre le rêve de son papa ».”
René Huget
J’ai lu dans une interview que Stéphane était persuadé que le blues allait « redynamiser l’été, et pas seulement à Megève ». Qu’en est-il et comment voyez-vous ces dix prochaines années ?
Je n’ai pas de vision à 10 ans, vous savez combien c’est compliqué, vous avez vu Cahors, on prend un risque à vouloir grandir, à vouloir offrir toujours plus, on en prendrait un plus grand si l’on ne le faisait pas. Je souhaite voir des étoiles dans les yeux, en particulier dans ceux de ma petite-fille et pouvoir dire sur scène en sa compagnie le 21 juillet à minuit : à l’année prochaine…
Propos recueillis par Emma Ragot en juillet 2024.
Photo d’ouverture © SCALPFOTO