12 septembre 2024.

Voir le trio Muddy Gurdy pour la sortie de son nouvel album “Seven”pourrait apparaître superflu tant le groupe a pris l’habitude d’enregistrer avec des artistes rencontrés lors de ses déplacements. Du Mississippi aux monts auvergnats en passant par la Louisiane, il a su s’entourer de musiciens qui au fil des rencontres participent à la création de son univers musical hybride. Alors, que peuvent-ils retranscrire à trois sur scène ?

La réponse ne se fait pas attendre tant l’ensemble démontre qu’il est bien l’âme du projet. Fabrice Bony aux percussions s’est bien intégré en remplacement du regretté Marc Glomeau. Gilles Chabenat avec sa vielle à roue assure le côté hypnotique de leur musique qui souvent devient envoûtante. Tia Gouttebel tranche dans le vif et apporte la fluidité et le phrasé limpide de sa guitare. L’ensemble fonctionne à merveille et dès l’intro de Lord help the poor and needy de Jessie Mae Hemphill, le ton est donné. Muddy Gurdy voyage et nous embarque avec lui.

Louisiana blues de Muddy Waters, extrait du nouvel album, permet d’apprécier la place du bourdon de la vielle. Chain gang, MG’s stories et Black Madonna nous ramènent ensuite dans leur terroir âpre et rugueux. Un Plain gold ring où Tia nous livre des anecdotes sur l’enregistrement de ce titre sur le lac Martin où les plus dangereux animaux semblaient être les maringouins plus que les alligators. Land’s song et retour en Louisiane avec Jambalaya ; Skinny man et fin avec You gotta move. Rappel émouvant avec Laisser mon cœur en hommage à Marco Glomeau, suivi d’un bienvenu Down in Mississippi.

À l’image du logo du groupe, un travail tout en finesse qui nous propose une dentelle sonore envoûtante, jouée près de l’os, sans fioriture. Avec “Seven”, troisième album du triptyque initial, Muddy Gurdy illustre brillamment sa capacité à poursuivre ses explorations d’autres régions du monde.

Texte : Serge Sabatié
Photos © J-M Rock’n’Blues et Miss Béa