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Live reports / 02.10.2024

Blues Roots Festival Meyreuil 2024

En six ans, le Blues Roots Festival s’est imposé dans le paysage musical du Sud-Est comme l’un des derniers grands festivals de l’été. Il propose des concerts pédagogiques, une jam session et trois soirées qui se veulent ouvertes à tous les styles. La scène, grande, équipée d’une bonne sono et d’éclairages très (à trop) sophistiqués, est installée dans le superbe domaine de Valbrillant, tout près d’Aix-en-Provence. Une pléiade de bénévoles attentionnés accueille un public fidélisé. Scène de plein air et hélas plein mistral cette année. Retour sur les soirées du 12 et du 13 septembre.

Jeudi, en ouverture, Joe Louis Walker, remis de ses ennuis de santé, délivre un set généreux. La voix est là, prenante avec cette couleur et ces inflexions si particulières, et la guitare acérée, longs discours et phrases fulgurantes. Songwriter prolifique, Joe Louis puise essentiellement dans son répertoire : plusieurs titres de son dernier album “Weight Of The World” ou de plus anciens comme l’indispensable Slow down GTO (beau solo de guitare slyde). Une reprise de Everybody needs somebody est l’ occasion de rendre hommage à Solomon Burke et Wilson Pickett.

Voix puissante, énergie débordante, la guitariste brésilienne Nanda Moura vient ensuite « chanter son blues », interprétation toute personnelle de grands standards. Il fallait bien toute son implication pour réussir à réchauffer et retenir les courageux spectateurs qui tentaient de résister au froid.

Nanda Mour

Vendredi, température presque aussi glaciale, mais le public, prévenu, s’était sérieusement équipé.

Stephen Hull fait partie de cette nouvelle génération de jeunes musiciens bien décidés à se réapproprier le blues. En trio, avec Victor Reed à la batterie et Cresenciano Cruz à la basse, il assure la première partie avec classe et assurance. Aussi talentueux que sympathique, excellent chanteur et brillant guitariste, il sait captiver sans tomber dans la facilité. 

Thornetta Davis est venue avec son orchestre régulier, et ça tourne au quart de tour. Le groupe est efficace, soudé, son mari James Anderson aux percussions et ses amies d’enfance Roseann et Rosemere Mathews aux chœurs. Thornetta a un intéressant répertoire de compositions personnelles et pendant plus d’une heure et demie, sans le moindre temps mort, elle enlève sa Detroit Revue avec une pêche et une présence impressionnantes. Aussi à l’aise dans une ballade que dans un up tempo ou un blues saignant, elle ne force jamais sa voix, une voix ample, profonde, à la diction parfaite, tout en nuances et feeling. Choristes, les sœurs Mathews se taillent un joli succès en solistes (Money pour Roseann et Old time rock and roll pour Rosemere) avant de rejoindre Thornetta sur un très réussi arrangement a cappella de Ain’t no sunshine. Oubliez le froid, get up and dance your blues away!

Texte et photos : Brigitte Charvolin

Thornetta Davis

James Anderson

Phillip Hale