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Hommages / 03.10.2024

Nick Gravenites (1938-2024)

Figure majeure de la scène blues électrique qui s’invente à Chicago au milieu des années 1960, Nick Gravenites n’a pas tout à fait connu une gloire comparable à celle de certains de ses contemporains – Paul Butterfield, Mike Bloomfield, Charlie Musselwhite… – mais, à défaut de célébrité, il a mené une belle carrière qui a traversé les décennies, entre Chicago et San Francisco.

Né le 2 octobre 1938 à Chicago dans une famille d’origine grecque, Nicholas George Gravenites croise à l’université Paul Butterfield et Mike Bloomfield, avec qui il fréquente les clubs locaux, où il entend les vedettes de la scène blues, de Muddy Waters à Howlin’ Wolf en passant par Buddy Guy. Il publie en 1965 un premier single en tant que chanteur et guitariste sous le pseudonyme Nick The Greek, sur lequel il est habitué par Elvin Bishop, Mike Bloomfield et Paul Butterfield, mais aussi par les musiciens de jazz Lester Bowie et Roscoe Mitchell et le pianiste plus traditionnel Erwin Helfer. 

C’est cependant comme auteur-compositeur qu’il se fait remarquer quand Paul Butterfield enregistre sur son premier album son Born in Chicago, qui devient un standard instantané, puis, avec Bloomfield, le morceau titre de l’album “East-West”. Il rejoint ensuite en tant que chanteur le groupe Electric Flag, lancé par Bloomfield avec Buddy Miles et Barry Goldberg et participe aux trois albums du groupe – dont la musique du film The Trip – avant sa (première) séparation en 1968. Dans la foulée, Gravenites, qui s’est installé à San Francisco, produit le premier album du groupe Quicksilver Messenger Service et le premier album solo de Mick Bloomfield, “It’s Not Killing Me” et publie son propre disque – avec Bloomfield à la guitare –, “My Labors”.

Chicago, 2010

Il travaille également avec Janis Joplin, pour qui il écrit Work me, Lord,  As good as you’ve been to this world et le futur standard Buried alive in the blues. Au décès de Joplin, il devient le chanteur d’une version reformée de Big Brother and the Holding Company. Il collabore régulièrement avec Bloomfield, coproduisant avec lui l’album “Mourning In The Morning” pour Otis Rush et cosignant la musique du film Steel Yard Blues. Seul, il produit le tube One toke over the line du duo Brewer & Shipley, mais aussi l’album de Sam Lay “In Bluesland” et un second disque d’Otis Rush, “Right Place, Wrong Time”. 

Plus discret à partir de la fin des années 1970, il publie un disque personnel en 1980, “Bluestar”, puis collabore sur scène et sur disque avec le guitariste John Cipollina, avec qui il travaille régulièrement au fil des années. Il relance sa carrière personnelle à partir des années 1990, publiant plusieurs albums sous son nom. Il se produit régulièrement à San Francisco et dans les environs, participant ponctuellement à des évènements “all star” avec d’autres vétérans. Un dernier album, “Rogue Blues”, avec le pianiste Pete Sears, est sorti en avril 2024.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Brigitte Charvolin

Lucerne, 2019