Lowland Brothers + Jerron Paxton, Le VIP, Saint Nazaire, 2025
14.03.2025
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30 septembre 2024.
Celui qu’on avait déjà croisé dans des salles balisées “rock” et dans des clubs estampillés “jazz” change de braquet pour cette date parisienne. C’est dans le magnifique écrin doré du théâtre de l’Athénée, un théâtre à l’italienne construit à la fin du XIXe siècle que ce pétillant chanteur britannique et ses acolytes avaient donné rendez-vous au public pour défendre les compositions toutes fraîches de “Good Grief”. Un album aux ressorts blues, folk et jazz paru fin août et chroniqué dans Soul Bag 256.
Des lampadaires et leurs abat-jours rétros, disséminés sur scène pour presque seul éclairage tout comme ce choix d’une amplification sommaire, en accord parfait avec l’acoustique naturelle du lieu. On était donc bien installé, au chaud, bien calé dans nos confortables sièges au moelleux vermillon quand les quatre gentlemen sont arrivés sur scène, délivrant sans préambule ni bla-bla trois subtiles pirouettes tirées du nouvel album : le langoureux et délicat Take away, le bluesy Hear no evil et ce Red t-shirt déchirant qui, une fois interprété, sera l’occasion pour Hugh Coltman d’échanger les salutations de circonstances avec un public déjà conquis. En réel gentleman qu’il est, il en profitera pour remercier la paire de dessinateurs-réalisateurs du récent clip mis en ligne de ce dernier titre. D’ailleurs, même sans images, Red t-shirt synthétise parfaitement l’esprit de ce nouvel opus et les teintes entendues au fil de la soirée. Un registre de folksongs cousus main, subtiles, aériennes, enveloppantes et construites sur des résonances jazz et blues que fournissent avec beaucoup de présence et de savoir-faire les musiciens embarqués dans cette nouvelle aventure de Hugh Coltman.
À commencer par Mathis Pascaud. Vieille Gibson demi-caisse acoustique ou Eko electro-vintage sur les genoux, capable de passer de riffs catchy et presque énervés (Midlife crisis) à de subtils arpèges, on se régale. Aux textures et aux effets finement réfléchis, rajoutez un jeu singulier, pas vraiment académique mais diablement présent, en phase totale avec des compositions qu’il élabore étroitement avec Coltman, et vous avez là un guitariste qu’on pourrait croire sorti d’une master class de Marc Ribot.
Raphael Chassin derrière les fûts, sans jamais les malmener, le batteur-percussionniste, en fin limier du jazz français qu’il est, joue parfois sans baguettes, parfois avec deux dans chaque main. Il lui arrive aussi de coincer une percussion à son pied, d’effleurer cloches, cymbales et autres petits trucs sonores, illustrant avec justesse le chant de Coltman, son jeu d’harmonica, un refrain, un pont, une intro ou une fin.
Cette impression d’“enveloppe” que j’évoquais un peu plus haut ne serait pas effective sans l’apport du contrebassiste Laurent Vernerey qui, en plus d’assurer les chœurs quand nécessaire, tisse un canevas rythmique avec des pleins (The jumper) et des déliés (Man up, May be).
Verdict : enthousiasme général après une bonne heure et demie de show. Une majorité de nouvelles compositions, bien évidemment, quelques anciennes et deux reprises intimement liées à sa discographie récente. Une géniale et trippante version rallongée de Same old, same old de Dr. John (dans laquelle l’invité surprise Christophe Panzani fit des ravages au sax ténor) et ce It’s your voodoo working final, un banger rhythm and blues emprunté à Charles Sheffield. Hugh, tu reviens quand à l’Athénée ?
Texte : Julien D.
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux