Quincy Jones (1933-2024)
04.11.2024
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Originaire de Rochester, dans l’État de New York, c’est sur la scène de Miami que Bradley Aaron Shapiro se fait remarquer, comme bassiste des Redcoats, un groupe dont le chanteur est Steve Alaimo. Découvert par Henry Stone, les Redcoats enregistrent une poignée de singles pour ses différents labels. Si Alaimo ne tarde pas à se lancer, sous l’égide de Stone, dans une carrière personnelle, Shapiro parvient également à se faire sa place dans l’univers tentaculaire de celui-ci, écrivant et produisant, souvent en partenariat avec Alaimo, pour ses différents artistes, de Latimore à Betty Wright en passant par Clarence Reid et George et Gwen McCrae, à partir du milieu des années 1960.
À la fin de la décennie, il rejoint l’équipe d’Atlantic et produit, souvent en duo avec Dave Crawford, différents artistes du label, parmi lesquels le J. Geils Band, Bettye LaVette, Sam Moore, les Sweet Inspirations, Tami Lynn (le classique Mojo Hannah), Jackie Moore, Archie Bell & The Drells, Dee Dee Warwick, Joe Tex, Johnny Adams, Bettye Swann… Mais c’est avec Wilson Pickett qu’il lie le principal partenariat artistique. Outre son rôle de producteur, il coécrit avec le chanteur Don’t knock my love, son dernier tube majeur pour Atlantic. La collaboration entre les deux hommes se poursuit après le départ de celui-ci d’Atlantic, et Shapiro est associé à plusieurs de ses albums pour RCA et son propre label, Wicked Records. En parallèle, Shapiro commence à travailler avec le label new-yorkais Spring Records pour lequel il produit Joe Simon, Garland Green mais aussi et surtout Millie Jackson. De “It Hurts So Good” en 1973 à “E.S.P. (Extra Sexual Persuasion)”, le dernier album de Jackson en 1983 avant la fermeture de Spring, Shapiro est associé à chacun de ses enregistrements, et en particulier au classique “Caught Up”.
Au fil des années, Shapiro n’a pas cessé de collaborer occasionnellement avec Henry Stone et ses artistes, et, en 1975, il cofonde avec lui son propre label, Kayvette, qui tire son nom des prénoms de sa femme et de sa fille. L’aventure est éphémère – le label ferme ses portes à la fin de la décennie –, mais Shapiro a le temps d’y produire des enregistrements de Jackie Moore, Otis Clay et Facts Of Life, un trio marrainé par Millie Jackson. À la fin de la décennie, c’est pour Columbia qu’il travaille, produisant notamment les Three Degrees, Thelma Jones et Johnnie Taylor. Polydor fait également appel à lui pour relancer la carrière en voie d’épuisement de James Brown, mission dont il se sort fort honorablement en produisant les albums “The Original Disco Man” et “People” et en coécrivant It’s too funky in here, dernier tube majeur de Brown avant le “revival” de Living in America. Il semble s’être retiré de l’industrie musicale peu après la fin de sa collaboration avec Millie Jackson : dans une rare interview donnée en 2023, il expliquait ne pas avoir mis les pieds dans un studio d’enregistrement depuis les années 1990…
Texte : Frédéric Adrian
Photo : Millie Jackson et Brad Shapiro © DR