22 octobre 2024.

À coups de prestations imparables dans les clubs et les festivals – comme au Nice Jazz Fest ou mon éminent collègue Éric Heintz l’a entendu cet été –, il a suffi de quelques mois à Louis Matute pour s’imposer comme l’un des artistes les plus prometteurs de la scène jazz européenne.

Bien qu’il enregistre depuis la fin des années 2010 sous son nom, c’est la première fois que le guitariste suisse se produisait au New Morning, pour promouvoir son album paru au printemps dernier, “Small Variations From The Previous Day”. Si le concert s’ouvre sur un titre de l’enregistrement précédent, l’accrocheur Tangos, c’est bien le répertoire de ce disque qui constitue le programme du soir, et Matute et ses musiciens – Zacharie Ksyk à la trompette, Léon Phal au saxophone, Andrew Audiger au Rhodes et au piano, Virgile Rosselet à la basse, Nathan Vandenbulcke à la batterie – profitent du format live pour en donner des versions enrichies et approfondies. 

Compositeur inspiré, avec un sens mélodique affirmé, Mature mêle dans sa musique les influences brésiliennes et un son jazz rock qui reste néanmoins essentiellement acoustique – Virgile Rosselet, en particulier, est à la contrebasse tout le concert. Invitées sur le disque, les chanteuses Lea Maria Fries et Gabi Hartman, avec qui Matute donne de la voix sur Alma no mar, qui sonne comme un standard brésilien oublié. En final, le “tube” du précédent album, le très attendu Queen of queens, est précédé d’une longue et sensible introduction au piano avant de déployer sa mélodie accrocheuse.

Si Matute, très concentré sur sa musique, n’est pas un grand communicant, il ne cache pas son plaisir face à l’accueil enthousiaste du public du New Morning, et le concert – en un seul set, sans entracte – se termine sur un rappel demandé avec ferveur, d’autant que les musiciens ne boudent pas non plus leur plaisir. Bien qu’il joue régulièrement, le groupe dans son ensemble ne semble pas être rentré dans une routine, et leur évidente complicité scénique contribue encore à la réussite du show. Sans aucun doute une voix qui comptera sur la scène jazz contemporaine.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux