Jaz Karis, La Boule Noire, Paris, 2025
05.03.2025
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10 janvier 2025.
Découverte il y a quelques années au sein de l’Attica Blues Big Band reformé par Archie Shepp, régulièrement croisée depuis sur d’autres projets, avec Anne Paceo, Raphaël Imbert et Sandra Nkaké en particulier, Marion Rampal avait séduit en 2022 avec son album “Tissé”, mais le disque suivant, “Oizel” avait paru un peu léger, dans son orientation pop, pour être chroniqué dans les pages de Soul Bag. Sa déclinaison live, dans le cadre élégant du Théâtre de l’Athénée qui avait déjà accueilli quelques mois plus tôt Hugh Coltman, paraissait une bonne opportunité de donner une autre chance à ce répertoire.
Bonne pioche : dans un contexte musical plus dépouillé – à l’exception du spectaculaire pantalon à paillettes de la chanteuse –, les chansons du disque prennent une dimension plus incarnée, ancrée par l’accompagnement racinien du trio emmené par Matthis Pascaud, décidément dans tous les bons coups en ce moment, avec Raphaël Chassin à la batterie et Simon Tailleu à la contrebasse et, ponctuellement, la guitare de Rampal. Si les trois musiciens constituaient déjà la base du groupe du disque, l’orchestration resserrée, sans recours ou presque à d’autres instruments que le format guitare-basse-batterie, permet de mieux mettre en avant que sur le disque la qualité des compositions, et les chansons comme Oizeau ou le très beau La nuit avant les mots gagnent, à mon sens à cette sobriété renforcée, qui met également plus et mieux en valeur les qualités vocales de la chanteuse. Si le répertoire d’“Oizel” est au cœur du programme, quelques reprises font aussi leur apparition : un classique de Dylan, Don’t think twice it’s all right, une semi-obscurité de Leonard Cohen, One of us cannot be wrong, et une réinvention stupéfiante du tube du groupe français Niagara Pendant que les champs brulent.
Au rappel, le chanteur Bertrand Belin fait son apparition pour deux titres en duo, une reprise du O Marie de Daniel Lanois, visiblement une inspiration partagée par les deux artistes, et le très attendu De beaux dimanches, extrait du dernier disque. Le public enthousiaste en redemande et Rampal et Pascaud sont de retour pour le vrai final, une version du classique Skylark – en lien avec la thématique aviaire d’une large part du concert – qui annonce un prochain projet partagé par la chanteuse et le guitariste en hommage à Abbey Lincoln et donne envie d’en entendre plus.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Martin Sarrazac