6 avril 2019.

À 26 ans et avec plus de 500 concerts à son actif, Nina Attal n’est plus cette débutante prometteuse. Celle qui oubliant d’être majeure, avait fait sensation au tremplin national Blues sur Seine en 2009. Après dix ans de carrière, le visage est toujours aussi poupon, mais l’expérience plus solide malgré une faible exposition médiatique. Heureusement, l’audace et l’esprit de conquête existent encore, à l’image du Festival de Guitare d’Aucamville près de Toulouse qui a eu l’excellente idée de programmer la chanteuse française pour clôturer sa 27^e édition. De quoi arriver gonflée à bloc et revancharde pour venir défendre un troisième album, plutôt bien accueilli par notre rédaction lors de sa sortie l’an passé. Nom de code : “Jump”. Problème. Chaises pliantes sur carrelage blanc : la salle Georges Brassens a choisi de placer ses spectateurs en position assise. Les coussins d’abord. C’est mal connaître Nina Attal. Même pas le temps de laisser respirer le refrain sucré de Breathe qu’elle rappelle tout le monde à l’ordre : « C’est samedi soir, il faut se lâcher. » Et se lever. Gare aux chevilles. 

La salle debout jusqu’au dernier rang, Nina Attal peut enfin entamer son récital. Et le mot est faible, pas du tout usurpé puisque du haut de ses talons vert pastel, elle domine tous les styles avec une aisance impressionnante, faisant sonner chaque corde de sa guitare dorée, gravée à son nom. Solo endiablé au milieu de la foule ou session acoustique à tempo lent ? Rien ne l’arrête. Rien ne lui fait peur. Entre ses doigts agiles résonnent le blues évidemment (l’intro de I’ve been a fool), la pop (I wanted to kiss), le rock (sacré gimmick que celui d’Indélébile), ou encore le funk, comme ce petit clin d’œil à Prince dans une courte reprise de Kiss adoubée en bord de scène par un disciple du Minneapolis Sound et son purple t-shirt. Souvenir d’un concert de 2011 au L.A. Forum. C’est dire si la palette est large pour cette performeuse accomplie, bien à sa place sur scène et en même temps partout à la fois.

Tantôt joueuse quand il s’agit d’entamer quelques pas avec son petit frère Simon, 19 ans, cheveux au vent. L’un des trois choristes du groupe, également habile danseur, que l’on devine comme son ainée fan de Michael Jackson (ses petits mouvements chipés à la chorégraphie de Thriller ne trompent pas). Nina la généreuse, qui sait aussi laisser une place plus que grande à ses musiciens, tous d’excellente facture. Une chanteuse rare, enfin. Il suffit que les micros s’éteignent, petite joke de l’ingénieur du son au moment des présentations finales, pour mesurer la puissance et la justesse vocale de ce petit bout de femme à la beauté hypnotique. Capable à elle seule, de faire se lever une salle entière. La définition même du talent.

Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David 

Formation : Nina Attal (chant, guitare), Benjamin Delarue (guitare), Anthony Honnet (clavier, synth bass), Davy Honnet (batterie), Simon Attal, Kissia San, Andréa Durand (chœurs).