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Hommages / 10.07.2019

David Kimbrough, Jr., 1965-2019

Le chanteur et guitariste nous a quittés le 4 juillet 2019 à l’âge de 54 ans, des suites d’une longue maladie. Dans l’histoire du blues “contemporain” du Mississippi, le Hill Country blues du nord de l’État maintient vivace une des plus fascinantes formes traditionnelles de cette musique. Dans la géographie de la région, ce blues essaime autour d’une petite ville d’à peine 8 000 habitants, Holly Springs, située environ 75 kilomètres au sud-est de Memphis. J’ignore si David Kimbrough, Jr. s’intéressait à l’histoire-géo, mais il a bien vu le jour le 3 janvier 1965 à Holly Springs. Les Kimbrough… Avec les Burnside, ils ont façonné ce Hill Country blues et sont à l’origine d’une véritable filière, ce qui se traduit par une présence bien affirmée de ses représentants dans les studios d’enregistrement et à l’affiche de festivals internationaux. La dynastie Kimbrough constitue un défi pour les généalogistes. D’aucuns prêtent ainsi notamment au “chef de famille” Junior Kimbrough pas moins de 36 enfants…

David Kimbrough, Jr. est donc l’un d’entre eux. Quoi qu’il en soit, de son nom complet David Malone Kimbrough (Malone étant le nom de sa mère), il a grandi avec la musique. Son père l’a d’ailleurs initié très jeune au chant, vers ses 6 ans. Puis il a appris la batterie, la basse, le piano, enfin la guitare qui restera son instrument de prédilection. Mais les obstacles vont se dresser sur sa route. Ses parents ne s’entendent plus, il se séparent quand il a 12 ans, provoquant une première fugue. Kimbrough repasse par Holly Springs mais il ne se stabilise pas, reprend la route et se retrouve même à Chicago au début des années 1980. Errances assorties de mauvaises rencontres, détention de drogue, cambriolage, après son retour dans le Mississippi David Kimbrough, Jr. fait un premier séjour à Parchman Farm (cinq ans). Il parvient toutefois à jouer dans un groupe du pénitencier et se révèle en compositeur prolifique.

Avec Junior Kimbrough

Une fois sorti, il réalise un album sous le nom de David Malone and the Sugar Bears, “I Got The Dog In Me” (Fat Possum, 1994), sur lequel l’influence paternelle est peut-être encore un peu forte. Mais les compositions dont la chanson-titre sont prometteuses… Un an après la mort en 1998 de son père, il lui rend hommage avec son frère Kinney et Garry Burnside sur un album produit par Luther Dickinson, “Juke Joint Boys – Up Out Of The Ashes – A Tribute To Junior Kimbrough”. Un père qu’il supplée en s’occupant de son juke joint, mais l’incendie qui détruit en 2000 l’établissement ne contribue pas à sa sérénité. Ses démons ne l’ont pas quitté, et cette fois, c’est la drogue qui précipite sa chute et lui vaut une nouvelle incarcération à Parchman Farm. Il attend donc à nouveau d’être libéré pour signer un excellent deuxième album, “Shell-Shocked” (Lucky 13, 2006), largement autobiographique et sur lequel il revient sur ses expériences personnelles. Il n’en fera pas d’autre mais il restera très actif et s’inscrira progressivement en excellent continuateur du Hill Country blues, que son chant traînant et sa guitare lancinante incarnaient parfaitement.

Texte : Daniel Léon
Photos © Bill Steber / steberphoto.com

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