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Chroniques / 19.09.2019

Rick Estrin & the Nightcats, Contemporary

Ça y est, Rick Estrin largue enfin son blues d’un autre âge pour embrasser l’auto-tune et une rythmique en béton armée à base de funk, de rock, de hip-hop. Du “contemporain”, avec un solide plan de carrière détaillé par le menu dans une chanson-titre sérieusement… hilarante ! Que les fans du trublion d’Oakland se rassurent, il s’agit d’une grosse blague rondement menée par un septuagénaire en pleine forme. L’inénarrable harmoniciste-conteur a beau nous avoir habitués à l’excellence, ce cinquième album Alligator surprend encore.

La recette ? Un répertoire drôlement inventif et une cuisson parfaite, de celles qui font exploser les saveurs en bouche, celles d’un blues crânement intemporel sorti tout droit d’un établissement phare en la matière, le Greaseland Studio de Kid Andersen. On connaît le talent du Norvégo-Californien des deux côtés de la console et en tant que fidèle lieutenant d’Estrin. Ici, sa guitare se plie en quatre et déploie une panoplie d’outils affûtés, guidés par un sens aigu de l’à-propos. Une règle joyeusement appliquée par les autres Chats Nocturnes : Lorenzo Farrell au Hammond goûteux et le phénomène Derrick “D’Mar” Martin, nouvelle recrue aux baguettes à la place d’Alex Pettersen (encore présent sur une grosse moitié de titres).

Place ainsi à une succession de pièces savoureuses, lancée en trombe par I’m running : Estrin, le temps à ses trousses, dévale les mesures avec sa gouaille tordante et un harmo rugissant. Resentment file et sa coolitude funky avertissent gentiment les hommes balourds, She nuts up balance un swing à la souplesse irrésistible quand New shape s’appuie sur un groove généreux pour vanter les formes nouvelles d’une ancienne connaissance. L’entente merveilleuse qui anime sa brigade fait aussi effet sur trois instrumentaux bouillants, tout comme lorsque le tempo retombe et que s’élève un Main event emmené par un harmo tord-boyaux. Au diable le virage “contemporain”, Rick Estrin a toujours su faire vibrer son blues au présent. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Alligator
Sortie : 20 septembre 2019

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