Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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10 septembre 2019.
Comment être surpris ? Et déjà, pourquoi s’attendre à l’être ? Lee Fields a fait du Lee Fields. Tout bonnement ce que le public du Bikini – calibré entre 30 et 50 ans – attendait de lui, à savoir dérouler une soul efficace que d’aucuns qualifieraient de rétro. Erratum. Elle correspond ni plus ni moins à l’époque qui a vu grandir le chanteur originaire de Caroline du Nord, lui qui a fait ses armes, vocales et scéniques, dans les églises de son quartier au mitan des années 1960.
Difficile de savoir si à l’adolescence le garçon portait déjà en lui ce timbre puissant et grumeleux, ce feu sacré qu’il libère à l’envi, dans un cri, comme sur le refrain transi de Honey dove, parfaitement interprété en clôture de son étape toulousaine, hélas loin d’afficher complet. Histoire de le raccrocher à une histoire qui s’écrivait sans lui, les comparaisons – physiques avant tout – avec James Brown ont longtemps alimenté les portraits rédigés en son honneur, au point sans doute de le desservir. Bien loin du Godfather, dont il reprend c’est vrai quelques figures libres et inspirées, Lee Fields n’a rien d’un porte-étendard, d’un défenseur de cause. Il chante l’amour, simplement, avec le cœur en émoi, quelques clins d’œil appuyés vers la gente féminine sur le bien nommé Ladies, et le corps toujours en mouvement, même si les petits pas se font moins insistants.
À 68 ans, difficile d’en vouloir à ce showman véritable qui reste une valeur sûre – tout comme son excellent groupe The Expressions – pour révéler toute la beauté des sentiments à travers un répertoire sans grande prise de risque (nouvel album comme anciens, même combat), mais sans véritable imperfection non plus, autre que la patine du temps qui passe.
Texte : Mathieu Bellisario
Photos © Frédéric David
Line-up : Lee Fields (vo), Jason Colby (tp), Freddy Deboe (ts), Toby Pazner (kbd), Joe Crispiano (g), Benny Trokan (b), Evan Pazner (dm).