Mereba, The Breeze Grew A Fire
07.03.2025
;
Les disques de Nico Duportal ne nous ont jamais déçus et ce n’est pas avec celui-ci que ça va commencer. Mieux, le guitariste démontre avec panache qu’à quarante ans passés il est possible de se renouveler sans se désavouer. D’assumer d’être un excellent chanteur à la voix claire, à la diction précise et au vibrato élégant, aussi à l’aise dans le rock’n’roll sauvage (A good man) que dans la soul cuivrée (Isn’t it wrong) ou la pop gothique à la Roy Orbison (Heartbroken teenager’s idol, sommet du disque).
De s’amuser à faire claquer les guitares dans des solos nerveux qui conjuguent tradition et modernité (le chorus de Sweet brown eyed woman). De se confronter à la country (No hate, just pain, ses soubassements acoustiques et son magnifique refrain en harmonies mineures) ou au rockabilly école Lee Rocker (With my bare hands) sans renier ses racines blues (jouissif hommage à Mavis Staples sur Keep on keepin’ on) et rhythm and blues (irrésistible Time is the money of love). De laisser parler sa sensibilité dans des textes traitant avec pudeur d’amour, d’envie et de doute. De s’imposer un niveau d’exigence maximal perceptible dans le souci maniaque accordé aux détails (les dentelles de guitares rythmiques ; les arrangements ciselés, adaptés à chaque morceau), sans perdre une once de naturel, d’enthousiasme et de spontanéité (il faut l’entendre clamer « This is a song for mi guapa! » au début de Lost in her game ou partir subitement en falsetto dans la classieuse My promised land).
Et d’avoir la générosité de partager l’affiche avec ses nouveaux comparses, dont Olivier Cantrelle, spectaculaire à l’orgue (Sweet brown, encore) ou au piano électrique (le juteux solo à la fin de With my bare hands, pris en tempo dédoublé). Bref, de publier un disque vivant, juste et authentique.
Ulrick Parfum
Note : ★★★★★ (Le Pied !)
Label : Doghouse & Bone (vinyle) et Music Box Publishing (CD)
Sortie : 8 novembre 2019