Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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16 novembre 2019.
S’il se présente seul sur scène, Kévin Denard ne voyage pas léger : six instruments à cordes et une table de mixage pour piloter les pédales rythmiques ou d’effets font partie de son bagage. Il a une prédilection pour la lap steel guitare, jouée à plat avec une barre, mais, selon les morceaux, il recourt aussi à une cigar-box guitar ou un banjo à six cordes, avec lequel il donne un medley original de Crossroads/Thrill is gone. Mais il puise tout autant son inspiration dans la musique indienne, donnant à la lap steel des sonorités proches du sitar. C’est sans doute cette fusion inhabituelle qui lui a valu de remporter le tremplin de Blues-sur-Seine en 2018.
La tournée New Blues Generation est devenue un rendez-vous attendu de la fin d’année. Jarekus Singleton, Mr. Sipp, Marquise Knox et Annika Chambers ont précédé le Lionel Young Band. Même auréolé de deux victoires à l’International Blues Challenge, en 2008, catégorie solo, et en 2011, catégorie orchestre, il n’était jamais venu jusqu’à nous. Cette lacune réparée a permis de découvrir un groupe de musiciens à fort potentiel. Lionel Young se révèle d’abord guitariste slide avec une compo, Knock these blues around, qui doit beaucoup à Elmore James. Autour de lui, la formation joue serré avec Kim Stone à la basse, Dexter Payne à l’harmonica ou au sax alto. Le batteur Jay Forrest mérite une mention spéciale, d’abord pour son jeu moelleux, comme amorti, là où la mode est plutôt aux batteurs “secs”, c’est aussi un fort bon chanteur, marqué par le gospel.
Il faut encore distinguer André Mali, le trompettiste filiforme, auteur de bons solos et qui fait le show, esquissant des chorégraphies avec le leader. Leader qui, après s’être distingué à la guitare, marque sa différence en s’inscrivant dans la maigre lignée des violonistes de blues, après Don Sugarcane Harris et Papa John Creach. À l’archet ou pizzicato, il personnalise des standards comme When the saints, Feel so good ou Mama talk to your daughter. Sur Mardi Gras in New Orleans, il fait preuve d’un talent de siffleur, lui aussi rare. C’est un chanteur, à la voix légèrement grainée, excellent notamment sur la ballade originale Tears falling down on your tombstone. En fin de concert, tout le groupe se retrouve sur le devant de la scène pour une splendide et inattendue version de Bring it on home to me a cappella. On espère que leur premier et seul CD à ce jour, trouvera prochainement un successeur.
Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Roc’n’Blues
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