Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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Montfort-sur-Meu, 15 et 16 novembre 2019.
Pour cette douzième édition, le Montfort Blues Festival affichait un joli programme sur deux soirées pour la deuxième année consécutive. Ouverture par les jeunes Palois de Miss Bee & The Bullfrogs. Découverts lors du tremplin des Rendez-Vous de l’Erdre, ils furent le véritable coup de cœur des membres du jury. Jean Guichemerre à la guitare, Rémi Grangé à la basse, Julien Feugas à la batterie, pour accompagner Miss Bee (Maëlys Baey) au chant et au sax. Leur répertoire est composé des compos de leur EP de 2018, Kindness got limits, Platonic love, de reprises classiques, Born under a bad sign, mais aussi de morceau plus moderne, comme ce Do I look worried du Tedeschi Trucks Band. Les influences sont larges, le talent et le potentiel prometteurs, ils font certainement partie de la relève française sur les scènes blues de 2020 et des années à venir.
Suit Same Player Shoot Again, collectif né de diverses jams sur Paris. C’est lors d’un hommage à Freddie King qu’ils ont senti que quelque chose se passait et qu’il fallait graver ça dans le marbre, ou plutôt le digital. Pour la soirée du Montfort Blues festival, ils seront sept sur scène et cela va s’entendre. Tout d’abord par la voix puissante et rauque de Vincent Vella. Et chaque musiciens s’applique à dégager l’énergie du King texan, parmi toutes ses influences, qu’elles fussent blues, soul, funk ou rock ’n’ roll. Julien Brunetaud aux claviers et Romain Roussoulière à la guitare démontreront toutes leurs qualités lors des solos, ainsi que les deux saxophonistes Loïc Gayot et Jérôme Cornélis, qui s’exprime tout aussi bien à la guitare, qui ajoutent indubitablement un plus par rapport à la formation en quintette vue au BAR Festival. Le tout est soutenu par la section rythmique, avec Amine Ouazzani à la batterie et Pierre Elgrishi à la basse. Difficile de détacher un titre de l’autre, tant les reprises de Let the good time roll, Going down, Palace of the King et autres transpirent l’esprit de Freddie King. Fabuleux concert d’une très grande puissance musicale et émotionnelle. Montfort s’en souviendra longtemps.
Pour le dernier concert de la soirée, c’est un grand chanteur de soul, de blues et harmoniciste de talent qui prendra le relais. Curtis Salgado a joué avec le Robert Cray Band, et Roomful of Blues dans les années 1980. L’équipe de Fabrice Bessouat (batterie) l’accompagne depuis plusieurs années. On y retrouve ce soir avec plaisir Kris Jefferson à la basse, Anthony Stelmaszack à la guitare et Damien Cornélis aux claviers, qui comme Julien Brunetaud auparavant se taille la part du lion. Anthony est plus en retrait, mais ses solos sur Get off my shoulder ou Walk a mile in my shoes, sont à chaque fois sublimes. Curtis a rencontré Miss Bee lors du stage à Tournon d’Agenais et il ne manquera pas de la faire monter sur scène pour accompagner le groupe avec son saxophone sur un rock ’n’ roll endiablé. Gentleman !
Denis Agenet et Matthieu Fromont (alias Bo Weavil) étaient venu l’année dernière remplacer au pied levé les malheureux The Two bloqués sur la route par la première manifestation des gilets jaunes. Cette fois ils sont revenus mais accompagné de François Nicolleau (guitare) et Abdell B Bop (contre basse). Le swing des Nolapsters entraîne immédiatement le public dans une ambiance festive et rythmée. Très bonne entrée en matière et la décontraction de Denis renforce ce côté chaleureux de leur musique.
On ne voit pas si souvent Dede Priest sur les scènes françaises. Accompagnée de Johnny Clark’s Outlaws, elle délivre un blues rock avec des rythmes lancinants mais jamais ennuyeux. Dede y mêle sa voix soul, joue de la guitare mais, plus surprenant, également du violon. Amplifié, il en sort un son électrique peu commun dans le blues, aussi original que pouvait l’être celui de la flûte traversière d’un certain Ian Anderson dans le rock progressif de Jethro Tull. Le superbe final avec Crocuses résume à lui tout seul une prestation de haut niveau. À revoir sur des scènes nationales.
Delgres clôturait la soirée. Il n’est plus la peine de présenter ce trio, médiatisé lors de la sortie de son premier album fin août 2018, et qui tourne sur les scènes françaises et internationales depuis 2016. Il y aura forcément les tubes Mo jodi et Mr Président, qui entraînent une partie du public venu spécialement pour eux. Sur d’autres titres, malgré un volume élevé, l’effet se fait moindre, avec un style plus proche de la variété grand public. En final, Pascal Danaé présente un titre d’un prochain album qui sortira en 2020. On reste dans la même veine inclassable qui fait la force du groupe.
Texte et photos : Nico Sturma