;
Chroniques / 04.02.2020

Syleena Johnson, Woman

Fille de Syl Johnson, protégée de R. Kelly, collaboratrice de Kanye West comme de Buddy Guy, star de téléréalité, animatrice de talk-show… Depuis ses débuts aux côtés de son père il y a un quart de siècle, Syleena Johnson cultive un éclectisme jamais démenti. Trois ans après un album de reprises prisé des fans de soul traditionnelle, la Chicagoane joue les équilibristes sur ce neuvième album solo qui balaye du plus mainstream (pop R&B middle-of-the-road tendance Jennifer Hudson-Fantasia sur Long time ago et Mountains) au plus organique.

Sur Woman, hymne cinglant dans la mouvance #MeToo et Black Lives Matter, Johnson fait montre d’un mordant jazzé à la Jill Scott. Un vent de féminisme souffle également sur le revendicatif I deserve more, dont la mélodie lacrymale évoque une Mary J. Blige ou une Faith Evans, ou encore sur le bluffant et entièrement a cappella Freelance lover, doté d’une progression harmonique à la Stand by me. Superbe tranche de southern soul entrelacée d’une guitare électrique qui imprime sa pulsation bluesy, Believer voit la chanteuse tiraillée entre le spirituel et le charnel. Cette concupiscence embrase aussi Come inside my house, slow jam moite et ouaté.

Plus sage et chaste, la ballade piano-voix Home, jalonnée de claquements de doigts, conte les joies simples d’une vie de couple épanouie. Prétexte idéal à un chassé-croisé de vocalises complices avec le crooner au timbre de velours Q Parker du quatuor 112. En revanche, son duo avec Raheem DeVaughn est nettement moins réussi. Cette romance aussi épique qu’insipide, rythmée par des cris militaires incessants et desservie par des paroles plates et pauvres qui empruntent au champ lexical guerrier, dégouline d’une emphase digne de la BO d’un Disney. Hormis ce faux pas, ce réussi et varié “Woman” saura séduire ses fans de tous horizons.

Mathieu Presseq

Note : ★★★½
Label : eOne
Sortie : 31 janvier 2020

Mathieu PresseqrandbsoulSyleena Johnson