Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
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Cedric Burnside et Trenton Ayers qui mettent le feu aux Royal Studios. Cette vidéo de Wash my hands était une fausse piste : son nouvel album, le petit-fils de R.L. l’a réalisé à Brooklyn, chez et avec Brian Jay, guitariste, batteur, chanteur qui sévit notamment au sein des très funky Pimps of Joytime. Par contre, c’est bien la formule duo sans basse qui est adoptée ici, formule chère à Cedric qui sur scène n’a pas besoin de s’encombrer pour vous happer dans son monde. Son drumming, et en particulier son pied de grosse caisse, sait depuis longtemps pallier l’absence des quatre cordes. Si Brian Jay n’est pas aussi fin derrière les fûts, son drive et sa frappe vigoureuse servent le crédo défendu : riff sale et cascade de toms pour vous harponner, parler vrai pour ne plus vous lâcher (We made it, Typical day).
À plein volume, avec une dose de Led Zep, ça donne Ain’t gonna take no mess, un des premiers titres sortis en amont et relégué ici en conclusion. Le reste n’est pas aussi radical, mais pas moins fort pour autant. Car cette approche brute de fonderie, en allant à l’essentiel, permet aussi à Cedric de s’affirmer toujours plus en tant que guitariste. Tour à tour piquantes, sinueuses, menaçantes, ces cordes suintent un méchant blues en s’immisçant dans les interstices. Pas de vrai solo ici mais un art du soulignement, du répondant, aussi dans les mains de Jay, notamment à la slide.
Quand le tempo s’alanguit, qu’émane un chœur lointain, que la baguette insiste sur la ride, on se croirait embarqué dans une nuit sans fin animée par Junior Kimbrough (Give it to you, Don’t leave me girl). Burnside fait aussi mouche quand l’électricité s’éloigne : un chant prenant, un texte intense (Hard to stay cool), une belle déclaration (There is so much)… Il suffit de peu de choses quand on sait viser dans le mille.
Nicolas Teurnier
Note : ★★★★
Label : Single Lock SL024 /singlelock.com
Sortie : 14 septembre 2018