Fantastic Negrito, Son Of A Broken Man
13.12.2024
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Après avoir tenté en vain de ranimer quelques carrières moribondes (Sly Stone, Shuggie Otis…), le label californien Cleopatra passe cette fois-ci à l’étape suivante : faire enregistrer de nouveaux albums à des artistes décédés. Le procédé est aussi simple – il suffit de prendre une bande ancienne et d’y ajouter en overdub des interventions gravées récemment – que répugnant, quand bien même il bénéficierait de la bénédiction d’héritiers aux intérêts sans doute plus économiques qu’artistiques.
Déjà victime du procédé il y a quelques mois quand il s’est retrouvé à duettiser sur l’album de Shirley King, Junior Wells est le plus mal traité dans l’histoire : des enregistrements d’origine inconnue (et parfois de piètre qualité sonore) des classiques de Wells se retrouvent affublés de solos de guitare commis par un mélange de rockers peu inspirés (Pat Travers, Harvey Mandel…) et de bluesmen sans doute en quête d’un cachet rapide, parmi lesquels se trouvent hélas quelques musiciens estimables comme Joe Louis Walker ou Guitar Shorty. Aucune de ces interventions, qui se limitent bien souvent à des clichés joués en pilotage automatique, n’apporte quoi que ce soit à l’ensemble, d’autant qu’ils sont bien souvent superposés au-dessus de l’harmonica de Wells…
Le disque publié sous le nom de Dr. John est, pour le coup, moins consternant : basé sur un enregistrement unique, datant de 1974, il bénéficie de la présence d’invités moins “prestigieux” – dont au moins un qui a effectivement collaboré avec l’artiste de son vivant, le violoniste Dog Kershaw – mais plus discrets, qui, à défaut d’ajouter quoi que ce soit, ne viennent pas obstruer le chant et le piano du bon docteur. L’ensemble reste dépourvu d’intérêt, et l’écoute de ces deux produits est fortement déconseillée.
Frédéric Adrian
Note : ♠
Label : Cleopatra
Sortie : 6 et 20 novembre 2020