Si Afrika Bambaataa ou Wu-Tang Clan n’avaient pas samplé les breaks de percussions de Super sporm, il est probable que Captain Sky serait resté une référence pour les connaisseurs avisés du funk. Pourtant, en son temps, ce groupe de Chicago a eu un succès notable et a même eu l’occasion de passer dans la légendaire émission Soul Train.

Ses deux premiers albums, publiés en 1978 et 1979, contiennent une dose de groove efficace, un univers et une identité propre, ce qui n’est pas le cas de tous les groupes funk de l’époque. Captain Sky est en réalité l’alter ego du chanteur et bassiste Daryl Cameron, un Superman noir et funky avec une cape, des lunettes noires et une coupe afro. Les pochettes sont de véritables comics bien réalisés sur lesquels on le voit débarquer du ciel soit sur un vinyle, soit à bord d’un vaisseau rappelant le Mothership de Dr. Funkenstein alias George Clinton. L’inspiration du p-funk, tant dans la musique que dans la dramaturgie, saute aux yeux et aux oreilles. On peut même y voir l’influence de Blowfly, le personnage salace créé par Clarence Reid et une ressemblance dans les costumes avec Bootsy Collins ou Rick James.

C’est par le biais de Eddie Thomas, complice de Curtis Mayfield, que Captain Sky signe chez AVI, un label spécialisé dans le disco, et qu’il sort coup sur coup ces deux albums. “The Adventures of Captain Sky” est plus dépouillé, davantage centré sur le groove et les jams étendus alors que “Pop Goes the Captain” met l’accent sur les chansons et les arrangements d’orchestre légèrement disco sans toutefois renier le funk. Cameron utilise sa voix pour le chant, le rap ou le monologue à la manière de Clinton et n’hésite pas à la passer par des effets pour incarner ce superhéros fictif. Ce ne sont pas les plus grands crus du funk mais ils méritaient une réédition.

Belkacem Meziane

Note : ★★★
Label : Past Due / Still Music
Sortie : 1978 et 1979 / Septembre 2020