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Chroniques / 09.04.2021

Chris Cain, Raisin’ Cain

Le succès critique et public de son précédent CD paru chez Little Village en 2017 aura permis à Chris Cain de revitaliser une carrière qui végétait depuis trois décennies dans l’anonymat des clubs de la Bay Area. Son arrivée chez Alligator et la sortie de son nouveau disque, dont le titre au délicieux double-entendre (“Raisin’ Cain’” signifie à la fois “faire du raffut” et “élever Cain”, dans le sens de “mettre sur un piédestal”) devraient lui permettre de bénéficier d’une couverture médiatique à la hauteur de son considérable talent. Car il n’est pas exagéré d’affirmer que Chris Cain fait désormais partie de la crème des bluesmen contemporains. 

Chanteur plein d’autorité à la voix ample et puissante (la parenté avec B.B. King est évidente), c’est aussi un compositeur prolifique, signataire de l’ensemble de son répertoire. Ses douze nouvelles chansons, tout en respectant les canons du genre (peines amoureuses, difficultés financières, autodérision…), expriment une vérité personnelle qui les rendent un peu plus indispensables à chaque écoute. À l’image de son jeu de guitare, intense, fluide et crémeux, coloré de modulations jazzy, ses compositions, qui conjuguent urbanité et crédibilité racinienne, évoquent un espace-temps (le funk blues californien de la fin des années 1970) où virtuosité, élégance et sophistication pouvaient aller de pair avec sens de la fête et profondeur du propos.

L’écrin productif mis en place par Kid Andersen est somptueux (Greg Rahn aux claviers électriques, D’mar aux drums, quatre cuivres…), permettant à Cain d’étaler son savoir-faire : blues binaires à tendance groove, shuffles dorés sur tranche, instrumental explosif à la Billy Preston ou ballades fin de nuit dans lesquelles il laisse transparaître toute sa classe et sa sensibilité.

Ulrick Parfum

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Alligator
Sortie : 9 avril 2021

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