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Live reports / 24.07.2021

Sandra Nkaké, Festival Les Trois Beaux Days, Arènes de Montmartre, Paris

14 juillet 2021. 

La reprise – encore compliquée – de la vie culturelle depuis quelques semaines a eu pour effet d’encourager un certain nombre d’institutions “officielles” du secteur à proposer des programmations exceptionnelles estivales, bien souvent gratuites. C’est le cas des Trois Baudets avec son Festival Les Trois Beaux Days, qui s’est déroulé sur plusieurs soirées à partir du mois de juin (Théo Lawrence en particulier y est attendu le 24 septembre).

Généralement fermées au public, les Arènes de Montmartre (qui datent de 1941) constituent le cadre idéal, intimiste et en plein air, pour accueillir le nouveau projet de la chanteuse Sandra Nkaké, un trio acoustique avec son partenaire habituel Jî Drû et le violoncelliste Paul Colomb baptisé [ELLES]. Projet uniquement scénique qui ne devrait pas connaître de traduction discographique, le répertoire repose sur des chansons écrites par des femmes, de Joni Mitchell à Björk. Des chansons retenues par Nkaké pour la résonance qu’elle y trouve avec son parcours, des chansons qu’elle fait siennes sans se reposer sur les interprètes d’origine, d’autant qu’elle fait le choix de compositions peu évidentes, comme le très beau I was an eagle de Laura Marling qui ouvre le concert ou le Mountains o’ things de Tracy Chapman, presque plus pertinent aujourd’hui qu’au moment de sa sortie il y a plus de trente ans. 

Le choix original d’arrangement et l’approche très personnelle de Nkaké permettent d’unifier des titres aussi hétéroclites que le Bachelorette de BJörk et le Love came here de Lhasa dans une sorte de suite cohérente qui évoque par moments les choix musicaux audacieux d’une Nina Simone – d’ailleurs saluée le temps d’un très beau Black is the color of my true love’s hair. Seul titre en français, l’inattendu Fais battre ton tambour d’Emily Loizeau constitue une belle respiration. 

En face de la chanteuse et de ses musiciens, le public retient son souffle, et même les bruits de la ville – et d’un voisin apparemment amateur de musique électronique médiocre – ne parviennent pas à interrompre son attention, d’autant que Nkaké et Jî Drû s’y entendent pour impliquer leurs auditeurs dans leur univers musical. Un peu plus qu’une récréation entre ses différents projets discographiques sous son nom et avec d’autres, [ELLES] méritait bien cette belle soirée d’été.

Texte et photos : Frédéric Adrian

Frédéric AdrianSandra Nkaké