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Live reports / 01.02.2023

Kham Meslien, Sunset, Paris

12 janvier 2023.

Sorti à la rentrée 2022 sur Heavenly Sweetness, l’album “Fantômes… Futurs” de Kham Meslien, enregistré en solo à la contrebasse, faisait figure de petit miracle imprévu, le genre de disque qui rappelle pourquoi il est toujours possible, malgré tout, de croire à la musique. Après une “release party” il y a quelques mois au New Morning et une tournée de promotion chez quelques disquaires de goût, c’est au Sunset que le musicien venait décliner sur scène, à l’initiative de nos camarades de Jazz Magazine, le répertoire du disque. 

Comme sur le disque, c’est seul que Meslien se présente sur scène, accompagné principalement de sa contrebasse, mais aussi de loops, qui lui permettent de jouer avec lui-même, de quelques percussions, et d’un charango dont il joue très ponctuellement. L’essentiel du concert, en effet, est un corps à corps avec son instrument – y compris au sens physique, tant il semble par moment danser avec lui. Le répertoire reprend celui du disque, sans cependant en respecter l’ordre, dans des versions un peu allongées, mais sans que cela devienne prétexte à des improvisations complaisantes. Même en l’absence d’Anthony Joseph, qui apparaissait sur ce titre sur le disque, La couleur, attaquée à l’archet, garde toute sa puissance émotionnelle.

Pour le public comme pour le musicien, le moment est intense. La musique de Meslien, tout en restant accessible, demande une attention de qualité, et les spectateurs, visiblement emportés par ce qu’ils entendent, se montrent à la hauteur de ce qui leur est offert – au point que même le bar, au fond de la salle, se laisse gagner par l’atmosphère de quasi-recueillement qui règne devant la scène. Dans une telle ambiance, les présentations entre les morceaux sont presque incongrues, et Meslien lui-même n’a pas l’air très à l’aise quand il doit prendre la parole. Mais c’est évidemment la musique qui a le dernier mot, jusqu’à ce que l’artiste mette un terme à l’enchantement au bout d’une heure de concert en expliquant ne plus rien avoir à jouer ! 

Malgré la complexité de l’exercice, Kham Meslien confirme sur scène la réussite de ce premier disque personnel, et donne envie de le suivre plus avant dans ses explorations musicales.

Texte : Frédéric Adrian

Frédéric Adrianlive in Parislive report