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Live reports / 29.03.2023

Big Chief Donald Harrison, Duc des Lombards, Paris

15 mars 2023

Pas besoin d’actualité discographique – même s’il a participé depuis à différents projets, il n’a rien publié sous son nom depuis 2014 – pour avoir envie d’aller écouter Donald Harrison, et le copieux remplissage du Duc des Lombards, pour sa seule soirée parisienne, vient le confirmer !

Il a beau être en plein décalage horaire – il explique être arrivé à cinq heures du matin à son hôtel ! –, Harrison n’a rien perdu de son dynamisme et de son goût de la communication par la musique, présentant le concert comme « un voyage musical à 360 degrés ». Accompagné d’un trio de jeunes loups au jeu acéré (Daniel Kaufman au piano, Noriatsu Naraoka à la contrebasse, Brian Richburg à la batterie), il ouvre sa prestation par deux de ses compositions, Free to be (qu’il présente comme un « mix entre James Brown, Duke Ellington, Art Blakey et le hip-hop ») et la profession de foi Nouveau swing, dont il raconte avoir emprunté le titre à un admirateur français. 

Son jeu chaleureux et son ouverture d’esprit lui permettent d’inscrire sa musique à la fois dans un contexte contemporain et dans la lignée d’une tradition qu’il salue ensuite par une série d’hommages à des musiciens qu’il présente comme ses héros : Sidney Bechet, Charlie Parker, Miles Davis et John Coltrane. S’il n’a sans doute pas grand-chose de neuf à ajouter à Bye bye Blackbird, sa version au saxophone ténor du Maple leaf rag de Scott Joplin dans l’arrangement qu’en donnait Sidney Bechet est une démonstration du caractère intemporel de cette musique quand elle est jouée par un musicien qui ne se contente pas d’en avoir une vision muséale. Il revient ensuite à son propre répertoire avec un Temporal qui salue ses influences cubaines. 

Bien qu’il soit basé de longue date à New York, Harrison, qui revendique fièrement son titre de Big Chief, n’a jamais oublié La Nouvelle-Orléans. En final, il abandonne le saxophone pour prendre le micro, le temps d’un Hey pocky way enlevé, avant de revenir en rappel pour un autre classique, Iko iko, prétexte à un très beau duo tambourin (par Harrison lui-même)-batterie qui rappelle joliment les bases rythmiques complexes de la musique néo-orléanaise.

Même s’il ne bénéficie plus de la même visibilité qu’à ses débuts, Harrison continue à cultiver son sillon musical avec le même engagement et la même générosité, sans tenir compte plus que nécessaire de l’air du temps. Passer une heure (et quelques…) en sa compagnie est une belle façon de revenir aux fondamentaux.

Texte : Frédéric Adrian

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