Ça crépite comme dans les grandes marmites soul funk de la première moitié des années 1970. Rythmique touffue pilotée par une basse ronde et agile, claviers juteux, chant alerte et passionné… Alone pose les jalons d’un LP sorti des consoles fumantes de deux experts californiens, Kelly Finnigan (Monophonics) et Sergio Rios (Orgone), le premier également producteur et coauteur du répertoire de ce groupe basé dans le nord du Golden State. 

Neuf titres bien troussés dotés d’une spontanéité live qui respire les heures de jeu sur scène. Autour de la voix bien en place de Richard Love officie un noyau dur composé de Brian Swislow (kbd), Leo Plummer (g) et Ian Taylor (b) ; un combo tout à son aise pour explorer diverses pistes tracées par d’illustres aînés, guidé par un élan bien souvent exaltant, comme le long du groove tranquille de For better, jolie friandise impérissable qui se fredonne d’emblée. Le funk partout présent appuie sur la lettre “p” dès la ballade Take you home (To mother) clairement parliamentesque avec ses chœurs fleuris, sa grosse basse liquide à la Bootsy et ses claviers chargés à la Bernie.

Le cœur de l’album sollicite aussi quelques bonnes vieilles recettes à même de remplir le dancefloor (la ligne discoïsante de Reflection, les claps épais d’un Feel right brut et serré qui fait penser au groupe Pleasure), jusqu’au méchant Righteous walk qui articule le gras de ses claviers autour d’un inébranlable martelage de grosse caisse. Ensuite ça finit fort en abaissant le tempo, mais pas l’intensité. Le doux S.O.L., ses réminiscences de Leon Bridges et son refrain entêtant, puis le menaçant Love & gravity, sa syncope prête-à-sampler et son refrain tunnel un brin psyché. Du goûteux. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★ (+ Scoop)
Label : Color Red
Sortie : 27 janvier 2023