Ils nous quittent : Lou Donaldson, Pat Lewis, Sam Mosley, Morris Francis, Bob Seeley, Jack Hale, Joe Chambers, Luther Kent, Jim Gaines…
19.12.2024
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Bill Perry naît le 20 août 1947 dans la petite ville de Tula, dans le Mississippi. Ses parents sont ouvriers agricoles dans les champs de coton, et il arrive à Bill de les assister pour se faire un peu d’argent de poche. Mais une bonne partie des revenus de la famille proviennent d’une activité paternelle annexe : la production de whisky de contrebande ! C’est d’ailleurs la vie nocturne de son père qui lui procure sa première guitare, gagnée aux cartes par celui-ci.
Au début des années 1960, il suit sa famille à Chicago. S’il découvre les clubs blues, où il entend notamment Mighty Joe Young, Muddy Waters et Howlin’ Wolf, c’est sur la scène gospel qu’il ne tarde pas à s’imposer en tant que guitariste et bassiste. Il accompagne notamment Shirley Caesar et les Five Blind Boys et enregistre avec les Clefs of Calvary (avec qui il apparaît notamment à l’Apollo) et les Salem Travelers. Quand, à l’issue d’une tournée avec les Clefs of Calvary, il se retrouve sans argent à Memphis, le hasard lui permet d’entrer en contact avec Little Milton, qui l’intègre en tant que chanteur dans sa revue et lui permet d’accompagner des vedettes comme T-Bone Walker, Freddie King, les Moonglows ou Clarence Carter.
De retour à Chicago, il s’impose comme un habitué des studios locaux – notamment ceux de Chess, avec Ralph Bass – et travaille aussi bien dans le blues et le rock ’n’ roll que dans la soul et le gospel pour différentes compagnies : Jewel-Paula, ABC, Chess… Auteur-compositeur, producteur ou accompagnateur, il collabore jusqu’au milieu des années 1970 avec Fontella Bass, Chuck Berry, Albertina Walker, Mildred Clark, Southside Movement, Cash McCall, Lee Shot Williams, Jimmy Burns et quelques autres. Il publie également quelque singles dans un registre soul funk sous son nom ou sous celui de Billy Eaton. Sitting on the banks of the river, sorti sur Ronn, est un petit classique de deep soul.
À la fermeture des studios Chess, il s’installe en Californie et intègre l’orchestre de Johnnie Taylor puis celui de Little Richard. Las de l’industrie musicale, il prend un peu de recul dans les années 1980. Réinstallé dans le Mississippi en 1987, il relance sa carrière dans la foulée, d’abord avec un groupe baptisé The Relaxations qui enregistre un single dans les studios de Muscle Shoals, puis avec un ensemble familial, The Perrys, monté avec son fils Billy Jr et sa fille Shy qui publie plusieurs CD autoproduits, “Voodoo Charm” en 1997 et “Got What It Takes” en 2000 et se produit un peu partout aux États-Unis, mais aussi à l’étranger, jusqu’en Chine et en Indonésie. Quand ses enfants décident de se consacrer à ses études, il publie plusieurs CD sous son nom dont “Casino Dreams”, “Reason I Sing The Blues”, “Jook Joint Jump” et “The Clarksdale Sessions”, ainsi qu’un disque en duo avec le saxophoniste Alphonso Sanders, “Twice as Nice: Down in Mississippi”. Il apparaît également sur deux albums de Bob Corritore, “Do The Hip-Shake Baby!” et “Spider In My Stew”.
Attaché à transmettre la culture du blues, il travaille au Delta Blues Museum de Clarksdale et officie en tant qu’animateur sur les ondes de la radio WROX. Il apparaît également en 2009 dans le film Way of War avec Cuba Gooding Jr. et dans différents documentaires dont le récent ReMastered: Devil at the Crossroads sur Netflix. Son dernier disque autoproduit, “Perry Music Heals the Soul”, était sorti en septembre 2022, et il est écoutable, ainsi que son prédécesseur de 2019 “Thankful For The Blues”, sur sa page Bandcamp.
Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © Brigitte Charvolin