23 juin 2023. 

Pour la 17^e soirée Live & Well de Soul Bag, le hasard avait bien fait les choses puisque la chanteuse-guitariste Jessie Lee Houllier présentait son récent projet “tribute to blues women”, à la tête d’un quintet baptisé Tuff Lovers (en référence à un titre de 1956 d’Etta James). De quoi faire en partie écho au dossier Blues Guitar Women de notre numéro d’été !

Jessie Lee nous raconte aussi à travers ce projet son évolution personnelle puisqu’elle évoque les styles musicaux, blues, soul, gospel et americana, qui l’ont marquée depuis plus de dix ans. De quoi constater les progrès de celle qui est aujourd’hui une grande chanteuse, mais aussi une guitariste passionnante. Elle est accompagnée pour l’occasion par l’excellent guitariste Vincent Martinez et une rythmique de fer avec Olivier Brossard (basse, chant) et Julien Audigier (batterie), sans oublier le grand Fabien Saussaye aux claviers. 

Au fil de deux sets, Jessie Lee va couvrir, sans souci chronologique, ce que l’on peut regrouper en quatre périodes musicales. Le blues et le rhythm and blues des fifties avec des reprises de LaVern Baker, Big Maybelle et Etta James ; la soul avec Aretha Franklin et Tina Turner, mais aussi, plus original, Bettye LaVette, avec le magnifique He made a woman out of me, et Ann Peebles avec le standard Breaking up somebody’s home ; les seventies avec bien sûr Janis Joplin, mais aussi la méconnue chanteuse britannique Maggie Bell ; et puis le trio gagnant americana Bonnie Raitt, Lucinda Williams et Susan Tedeschi. 

Jessie Lee nous dit réaliser au cours du concert la place prépondérante de Janis Joplin puisque trois chansons de la setlist furent des incontournables du répertoire de la chanteuse texane : Me and Bobby McGee de Kris Kristofferson, Piece of my heart d’Erma Franklin, sœur d’Aretha, et bien sûr Ball and chain repris à Big Mama Thornton. Sister Rosetta Tharpe, en couverture de Soul Bag, sera aussi chantée, dans une belle version à deux voix (avec Olivier Brossard) de My journey to the sky.

En conclusion, saluons la ferveur et le dynamisme avec lesquels Jessie s’approprie toutes ces chansons et on regrette presque qu’elle n’ait pas plus fait d’intervention à la guitare, car elle a développé un jeu qui n’est pas sans évoquer celui de Susan Tedeschi, mordant et brûlant.

Encore une belle soirée pour Soul Bag au Triton, et bravo à Jessie Lee à qui l’on souhaite de continuer à développer une belle carrière.

Texte : Éric Heintz
Photos © J-M Rock’n’Blues
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