Il n’est pas exagéré d’affirmer que la disparition en 2019 de l’excellent chanteur Mike Ledbetter, en qui il avait trouvé son parfait alter ego, puis la pandémie ont eu des conséquences qui auraient pu profondément et durablement impacter la riche et déjà longue carrière musicale de Monster Mike Welch. Le rôle des guitaristes Mike Zito et Kid Andersen, respectivement cofondateur du label Gulf Coast et producteur de “Nothing But Time”, aura été déterminant, permettant de redonner à Welch la confiance nécessaire pour écrire et enregistrer sous son seul nom pour la première fois depuis 2007 ! 

Capté par le géant norvégien dans son studio Greaseland en Californie en compagnie d’une équipe premium composée notamment du maître des lieux à l’orgue et à la contrebasse, de Jerry Jemmott à la basse, de Bob Welsh au piano et de Fabrice Bessouat à la batterie, le septième opus du chanteur-guitariste de Boston vient brillamment grossir les rangs d’une impeccable discographie. En 14 titres, on tient là un disque duquel se dégage une incroyable puissance et qui ne cesse de multiplier les temps forts, qu’il s’agisse des excellents Losing ­every battle, I ain’t saying, Offswitch blues, Afraid of my own tears, mais aussi des relectures de Robert Johnson en mode orchestré (If I had possession over judgement day) ou seul à l’acoustique avec un sublime Kind hearted woman qui vient ici conclure 65 minutes d’une rare intensité.

Si son chant n’est certes pas aussi accompli que son jeu de guitare, Welch n’en demeure pas moins un vocaliste tout à fait respectable qui, quand il ne force pas trop, sait se muer en passeur d’émotions, en témoigne la très belle reprise du I me mine des Beatles. Mais ce sont évidemment ses talents de guitariste qui ne manqueront pas une nouvelle fois d’éblouir l’auditeur, ce styliste faisant littéralement parler sa six-cordes comme jamais et comme bien peu savent le faire. 

Nicolas Deshayes

Note : ★★★★½
Label : Gulf Coast
Sortie : 30 juin 2023