Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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Haecht, Belgique, 20 août 2023.
L’affiche de ce troisième et dernier jour ne se limitait évidemment pas au mythique groupe texan et se sont donc succédé depuis le début d’après-midi, Alabama Mike accompagné par le Soul Shot Band de Fabrice Bessouat avec un super Anthony Stelmaszack à la guitare ; Shakura S’Aïda, grande voix et groupe hyper funky renforcé par une demoiselle non identifiée remarquable à la sacred steel ; José Ramirez avec lui aussi des accompagnateurs français emmenés par Denis Agenet à la batterie, le Chicago blues joué avec une sensibilité toute latino ; et enfin Leon Beal, soulman classique et attachant, accompagné par le groupe italien de Lucas Giordano. Le public apprécie les différentes prestations, mais visiblement le temps est encore à se balader sur le site pour attraper une bière ou un cornet de frites et discuter avec les amis rencontrés.
Tout change à 22 h et c’est près de 3 000 spectateurs qui se pressent devant la scène posée au centre de ce sympathique village belge pour accueillir le groupe de Kim Wilson, The Fabulous Thunderbirds, décidément très populaire en Belgique et en Hollande. Formation renouvelée pour la tournée américaine, c’est d’abord une nouvelle section rythmique composée de deux… jazzmen, le batteur canadien Rudy Albin, vétéran du groupe de l’organiste Jack McDuff mais ayant aussi joué récemment avec Lee Fields ou James Hunter, et le jeune bassiste Steve Kirsty, également saxophoniste et contrebassiste. Rythmique renforcée à la guitare et aux claviers par le bien connu Bob Welsh, collaborateur historique de Kim Wilson.
Mais l’événement, c’est bien sûr le retour de Johnny Moeller à la guitare, rappelé par Kim Wilson après deux ans hors du groupe. Le guitariste d’Austin est maintenant clairement considéré par les fans comme légitime à cette place et Kim Wilson a d’ailleurs rarement été aussi souriant en concert, visiblement heureux de retrouver à ses côtés un guitariste d’énorme talent dont il suit les solos avec attention !
Le répertoire ce soir se compose évidemment des grands classiques issus surtout des premiers albums, et les reprises historiques de Scratch my back, My babe ou Wrap it up étaient l’occasion pour Johnny Moeller de confirmer à la fois la finesse de son jeu et la pertinence de ses interventions, mais surtout d’extérioriser ce feu sacré qui le dévore lorsqu’il empoigne sa guitare qu’il secoue et malmène comme pour en extirper les ultimes notes bleues en sa possession.
Kim Wilson, visiblement rajeuni de 10 ans, a lui confirmé qu’il reste un des plus grands harmonicistes blues de ces quarante dernières années et ne semblait plus vouloir quitter la scène à 23 h 30, visiblement très ému par l’accueil triomphal réservé au groupe. Un spectateur français résuma ainsi : « Bon, ils ont mis tout le monde d’accord, la partie est pliée ! Trop forts ! »
Texte : Éric Heintz
Photos © Bernard Szarzynski