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Live reports / 19.12.2023

Nirek Mokar & His Boogie Messengers, New Morning, Paris

5 décembre 2023.

Son repaire habituel du Caveau de la Huchette aurait été trop exigu pour célébrer la parution de son nouveau CD. Nirek Mokar a donc investi le New Morning pour accueillir le lancement de “Back To Basics”, son album le plus abouti à ce jour (voir la chronique dans Soul Bag n°252).

La technique et la culture acquises au fil des ans par Nirek Mokar n’ont pas entamé la fraîcheur et la spontanéité de ses 21 ans ! Un enthousiasme qu’il a transmis à ses Boogie Messengers – qui pourtant en ont vu/entendu d’autres ! Nommons-les : à la batterie, Guillaume Nouaux, digne héritier des grands drummers swing ; à la contrebasse, le Bordelais Nicolas Dubouchet au slap inspirant ; à la guitare, Stan Noubard-Pacha qui arrive toujours à nous étonner et, aux saxophones, Claude Braud, titulaire du poste, assisté ce soir par Sax Gordon, arrivé de Boston. Tous les protagonistes de l’album se retrouvaient donc pour en revisiter la plupart des thèmes originaux – même s’ils évoquent la grande tradition du boogie-woogie, du rockin’ blues et d’un jazz qui ne rougit pas de swinguer. 

Ça démarre fort avec Nini’s special, intro au piano et riffs de sax comme des virgules, se poursuit avec Hot bread, entre Bo Diddley et New Orleans, passe ensuite par Twist à la Huchette et son motif entêtant ou le mouvant Shuffle chelou. En piano solo, la ballade Maïra offre un court répit avant l’imparable Boogie woogie stomp d’Albert Ammons en formule trio. Ray Charles est salué avec la reprise de Rockhouse comme avec la compo What I drink. Au-delà des générations, la complicité entre les musiciens est évidente. Quel bonheur de voir Claude Braud (74 ans) et Sax Gordon “riffer” à qui mieux mieux ou dialoguer, tout en prenant des poses de honkers fifties ! Stan Noubard-Pacha est à l’honneur de sa composition Gotta go, mais il fait preuve tout au long du concert de la même pugnacité et du même à-propos. On le savait excellent dans le registre strictement blues, on a mesuré ici la richesse de sa palette. 

En guise d’épilogue, le Be my guest de Fats Domino, avec descente des saxes sur la piste de danse improvisée et stop and go à foison, n’a pas suffi à rassasier le public qui en redemandait encore.

Texte et photos : Jacques Périn

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