Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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1er novembre 2019.
La scène, c’est un peu la seconde maison d’Avery Sunshine. En ce soir de la Toussaint, la chanteuse-claviériste d’Atlanta entame son set avec une grande décontraction et dès la première chanson (teintée gospel) le public reprend les paroles du refrain. Après un titre plus corsé, plus funky, la patronne présente son groupe (dont son mari Dana Johnson à la guitare). Malgré un chant parfois maniéré et l’absence de choristes, la troupe est rodée, la magie opère. Bon calcul avant une reprise engageante du All night long des Mary Jane Girls, Avery Sunshine filme le public grâce à son téléphone (toujours avec le plus grand naturel) et fait chanter son nom dans l’audience : la soul sister a trouvé sa paroisse !
Autre cover de belle tenue, suave et syncopée, celle de Midnight train to Georgia de Gladys Knights & the Pips. Cette séquence du concert est l’occasion pour le bassiste du groupe, Demonterious Lawrence, de démontrer son talent sur des passages langoureux. Dans la continuité, la chanteuse (aux capacités vocales très étendues) et son mari s’emparent du Day dreaming d’Aretha, dans une version très personnelle et délicate.
Retour à l’interaction quand s’engage un beau jeu de call and response avec le public autour d’une nouvelle composition d’Avery. Billy Preston et Donny Hathaway ne sont pas loin. Mais il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort, sourire ou pas à l’annonce d’une cover de Maroon 5. Le chant puissant et contrasté et la tournure jazzyfiée à la guitare a de quoi emporter les puristes les plus radicaux.
Encore plus inattendu, Avery demande si quelqu’un dans le public peut traduire son introduction de Prayer room, morceau écrit lors d’une date dans ce même Bizz’Art juste après les attentats du 13 novembre 2015. Suite à un excellent travail de traduction d’un spectateur, cette chanson va faire entrer la soirée dans une autre dimension, ce genre de moment où l’empathie mise en musique transperce chaque auditeur, la chanteuse elle-même semble plus emportée que jamais dans son interprétation.
Plus que dans la résilience, c’est dans la joie que se termine ce concert, entre un medley qui passe sans heurt d’Al Green à James Brown, une invitation sur scène du chanteur Sly Johnson et enfin une nouvelle interaction qui transforme la salle en chorale gospel. Difficile de faire plus sacré dans un cadre profane.
Texte : Hugues Marly
Photos © Cindy Voitus