Ils nous quittent : Lou Donaldson, Pat Lewis, Sam Mosley, Morris Francis, Bob Seeley, Jack Hale, Joe Chambers, Luther Kent, Jim Gaines…
19.12.2024
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Née à Atlanta dans une famille très musicienne, élevée en grande partie par ses grands-parents à Commerce, une petite ville située à une centaine de kilomètres de là, Watkins tombe vite amoureuse de la musique, et principalement de la guitare. Avec quelques amis – masculins –, elle monte un groupe baptisé Billy West Stone and the Down Beats, qui se produit localement et au sein duquel elle joue de la basse. C’est par l’intermédiaire du batteur Bobby Tuggle qu’elle rencontre Willie Perryman, un vétéran qui enregistre depuis le début des années 1950 sous le nom de Piano Red et qu’elle rejoint son groupe. Baptisé Piano Red and the Meter-tones puis Piano Red and the Houserockers, le groupe se produit à Atlanta et dans les environs, dans des clubs mais aussi dans le très lucratif circuit universitaire.
Au début des années 1960, le groupe, qui compte désormais dans ses rangs le guitariste Roy Lee Johnson, signe avec la maison de disque OKeh et décroche deux tubes inattendus avec Doctor feel-good (dont la face B, Mister Moonlight, est reprise dans la foulée par les Beatles), puis un remake du classique de Piano Red de la décennie précédente Right string but the wrong yo-yo. Rebaptisés, suivant les jours et les disques, Dr. Feelgood & The Interns ou Dr. Feelgood, The Interns, and The Nurse capitalisent sur leur succès jusqu’au milieu des années 1960, à coup de tournées incessantes, la silhouette de Watkins dans son uniforme d’infirmière jouant un rôle non négligeable dans l’impact du groupe…
À la séparation de l’ensemble en 1965, Watkins rejoint les Ink Spots du pianiste Eddie Tigner – une autre future recrue de Music Maker –, puis différents groupes d’Atlanta comme Joseph Smith and the Fendales et Leroy Redding and the Houserockers. Dans les années 1980, elle est obligée de prendre différents boulots de femme de ménage pour subvenir à ses besoins tout en continuant à se produire sous son nom et avec son groupe dans un club local, l’Underground Atlanta. C’est là que la découvre, au milieu des années 1990, le musicien local Danny “Mudcat” Dudeck, qui la met en contact avec Tim Duffy. Dans le cadre d’une grande tournée avec Taj Mahal sous l’égide la fondation Music Maker, le public découvre alors une “bête de scène” au jeu spectaculaire quasi-hendrixien – la légende veut que le jeune James Marshall Hendrix ait partagé la scène avec le groupe de Piano Red dans les années 1960, et que l’influence se soit faite dans ce sens… – et à l’énergie communicative.
Sous son nom ou au sein des revues montées par la fondation, Watkins devient une habituée des scènes américaines et européennes. Sous l’égide de la Music Maker, elle grave une série d’albums entre 1999 et 2009, dont le très réussi “Don’t Mess With Miss Watkins”, qui sort en France chez Dixiefrog. Mais plus que le disque, c’est la scène qui était l’élément naturel de la flamboyante Miss Watkins, et c’est sans doute ses prestations incendiaires qui laisseront le plus de souvenir chez ceux qui ont eu la chance de l’entendre.
Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © Jimmy Williams