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Chroniques / 09.09.2021

Big Daddy Wilson, Hard Time Blues

Duo gagnant. En sollicitant le producteur britannique Glen Scott, Wilson sort enfin d’une forme de classicisme qui pouvait rendre son blues inoffensif. L’usage des techniques les plus modernes de production par le Londonien donne une actualité criante à l’approche traditionaliste de Wilson. Les versets de la Bible se mêlent aux textes de spirituals et de blues chantés depuis la fin du XIXe siècle. Le blues avec son cortège de catastrophes naturelles et économiques semble s’appliquer parfaitement à ce que le chanteur appelle nos « hard covid times »

Que les amateurs de fingerpicking et de chant dénudé, dont je fais partie, se rassurent. Il ne s’agit pas ici de plaquer quelque boucle rythmique aux pistes de voix et de guitare pour tenter de “moderniser” le son à peu de frais, comme on bétonne une côte pour tenter d’attirer des nouveaux touristes soucieux de retrouver le confort familier. L’approche de Glen Scott est bien plus globale et intelligente. Comme un jardinier attentif, il coupe quelques feuilles ici, ajoute un tuteur là et procède à des greffes avec parcimonie et à bon escient. 

La plus belle réussite de cette production est qu’elle semble ne rien ajouter, on dirait au contraire qu’elle donne davantage d’espace sonore à la musique de Wilson pour s’épanouir. Poor black children est un exemple parfait : la mélodie et la guitare sont on ne peut plus traditionnelles, mais le doublage de la voix et l’ajout d’accords plaqués de piano, le son étouffé d’un beat métronomique donnent à tout cela une dimension épique avec des moyens très économiques. 

Benoit Gautier

Note : ★★★★½
Label : Continental Blue Heaven
Sortie : 10 septembre 2021

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