Avery*Sunshine, So Glad to Know You
20.12.2024
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Les confinements n’ont pas empêché le travail en studio et nous avons reçu un volume important de productions que nous n’avons pas pu entièrement traiter dans notre numéro 243. Voici donc le complément à ce qui a été publié en juin, avant de se pencher sur ce que nous commençons à recevoir pour le numéro de septembre.
Mr Hardearly fait beaucoup de choses lui-même, chant, guitares, claviers, composition, production, et il le fait bien. Son blues rock reste du bon côté de la force, respectant les canons du genre, shuffle, titre lent, morceaux acoustiques, nombreux solos de guitare, mais tout est de la bonne longueur, sans exagération, ponctués par des instrumentaux bien sentis. Il y a bien quelques excès rock et un chant qui ne s’affirme parfois pas assez mais la qualité globale l’emporte.
Raoul Ficel et sa fille Zoé sont The Coudougnans et montrent que country et blues vont bien ensemble quand ils sont chantés et joués avec talent. La voix claire et pure de Zoé est parfaite pour la country et le blues ancien, celle de Raoul prend le relais quand il faut plus de rugosité. À la guitare, les accords de Zoé soutiennent les riffs et les solos de Raoul. Sept titres aériens, repris à la Carter Family, Merle Haggard, JJ Cale, Tampa Red, Muddy Waters et Memphis Minnie, à écouter en boucle.
Le duo Horla rend hommage à Skip James. Pauline Willerval joue du violoncelle et de la gadulka, Jack Titley est au banjo, les deux chantent, majoritairement en voix de tête, c’est obligatoire. Le blues de Skip James peut déjà sembler peu fourni en notes bleues, l’approche choisie ici renforce ce sentiment avec une musique plus folk et traditionnelle que blues. Quand on accepte d’entrer dans ce jeu, on n’est toutefois pas déçu. La façon de déstructurer les morceaux pour les reconstruire est souvent réussie, écoutez Catfish blues ou Devil got my woman,
Douze guitares et sept amplis, c’est le matériel utilisé par Gregor Hilden sur son disque en trio avec Wolfgang Roggenkamp à l’orgue, et au chant sur deux titres, et Dirk Brand à la batterie. Tout y est, swing, rock planant, funk, blues rock, passages acoustiques, pris sur de longues durées qui font perdre le fil. Les nombreux beaux thèmes seraient plus percutants avec plus de concision.
Ne pas se fier à la pochette du disque de Secret Garden and the Dusty Man, avec personnages souriants, lapins coquins et environnement bucolique. Car le duo envoie ! Secret Garden chante et joue du washboard, the Dusty Man chante aussi et joue de tout le reste, guitares, harmonica, contrebasse, batterie, sur un répertoire original, fait de rock, folk, country, avec passages calmes, changements de rythmes, envolées lyriques et invités aux instruments et au chant. Peu de blues cependant.
Sweet Scarlett trace sa route avec un troisième album toujours plus rock et funk, dont le blues semble désormais éloigné. Cela ne remet pas en cause la qualité du disque, très beau son, production réussie, compositions solides, très bon chant, mais la faible dose de blues risque de ne pas accrocher les oreilles soulbagiennes.
Il peut en être de même avec le nouveau disque de Paddy Sherlock, dans un autre registre, plus pop et folk rock. Richement accompagné, à la musique et aux arrangements, Paddy mélange les genres, ceux déjà cités, mais aussi le jazz avec une trompette bouchée persistante – ou bien est-ce son trombone ? –, le swing, la variété music-hall, pour construire un univers accrocheur, limite déjanté façon Tom Waits, et très goûteux.
Christophe Mourot
• The Coudougnans
The Coudougnans ★★★
raoulficel.com
• Mr Hardearly
Mean Blues ★★★
Rebel Music / brennus-music.com
• Gregor Hilden
Vintage Wax ★★½
Acoustic Music
• Horla
Look Down The Road ★★½
titley.biz
• Secret Garden and the Dusty Man
Wake Up ★★½
sgdm.fr
• Paddy Sherlock
Dusk ★★★
Black Ash / L’Autre Distribution
• Sweet Scarlett
Rockin’ That Soul ★★½
sweetscarlett.org