Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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9 et 10 Octobre 2019.
Entièrement féminine, la Blues Caravan est lancée par Katarina Pejak qui s’appuie sur son disque “Roads That Cross”. She’s coming after you, Chasing summer, Old pain, Moonlight rider, elle en égrène les titres et lui donne une présence et une réalité en toute délicatesse, avec une voix claire et un jeu de piano précis. Son titre le plus blues sera la reprise du Turtle blues de Janis Joplin. Ce rapport lointain au blues se prolonge avec la guitariste Ally Venable qui joue un instrumental en hommage à Stevie Ray Vaughan et un boogie blues bien senti mais son blues rock reste plus rock que blues, malgré le jeu en slide sur Devil’s son. Elle évite le côté obscur de la force en contrôlant le son, la virtuosité et le jeu de scène. Elle communique de plus très sympathiquement avec le public.
Changement de dimension avec Ina Forsman dont le charisme et la voix forte captent tout de suite l’attention. La cheffe est sur scène ! All good, Genius, Miss mistreated, le répertoire de son dernier disque “Been Meaning To Tell You” est riche et elle s’en sert avec assurance, avec des intonations à la Etta James. Reprise de Bonnie Raitt, Happy birthday pour Katarina Pejak dont c’est effectivement l’anniversaire, et envoi d’un Sixteen tons commencé a cappella puis emballé façon Stray cat strut et terminé de nouveau a cappella avec des chœurs. Encore une fois, le blues n’est pas la composante principale, mais lorsque les talents s’allient, les voix se mêlent, la bonne humeur éclate alors la soirée devient excellente. Le rappel avec The house is rocking, en tempo moyen puis rapide le confirme, la bonne formule est peut-être plus là que dans le show en trois parties successives.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire et ce sera le cas le lendemain avec le concert de Bernard Allison que je n’avais jamais pris la peine d’aller voir auparavant. Le fils du grand Luther me démontrera que j’avais tort. Sa filiation est omniprésente, il parle de son père, il en joue le répertoire, commençant son concert par une reprise de Rocket 88 avec un beau solo de guitare, auquel il donne un son d’orgue via une pédale d’effet, jouant ensuite Bad love et un slow blues « de Papa », mais il le fait avec résilience, et laisse parler sa personnalité. Il est remarquable de notes bleues et de maîtrise à la guitare, ne faisant parler la poudre que sur la reprise de Voodoo chile, et laissant une place importante au saxophone. George Moye à la basse et Mario Dawson à la batterie seront impressionnants d’efficacité, précision et swing tout au long de la soirée. Le titre final Serious as a heart attack, en effet ne plaisante pas mais clôt superbement une soirée de blues électrique comme on n’en a pas eue depuis longtemps.
Texte et photos : Christophe Mourot