Blues Station #145, Curtis Salgado – Eric Séva & Michael Robinson

Tournon d’Agenais (Lot-et-Garonne), 8 juin 2024.

En ce 8 juin, Blues Station/ABC propose une belle affiche avec Curtis Salgado et le Soul Shot All Stars, précédés d’Eric Séva en quartet avec le chanteur Michael Robinson. Deux univers musicaux substantiellement différents, mais dont on va voir qu’ils s’additionnent très bien. Les vieilles pierres de l’Abescat accueillent un public nombreux et joyeux, c’est un plaisir de rentrer dans la salle sans la boule au ventre qu’on a en tant que stagiaire à la fin du Bluescamp tous les ans en octobre et c’est aussi amusant de retrouver d’autres ex-stagiaires présents en tant que bénévoles ou spectateurs.

C’est Eric Séva qui lance la soirée, accompagné de Christophe Cravéro aux claviers, Denis Leloup au trombone et Julie Saury à la batterie. Après un instrumental d’ouverture, le chanteur Michael Robinson les rejoint et une forme de magie va s’opérer. Se plonger dans la musique et les chansons d’Eric et Michael nécessite un certain travail. Une fois qu’on y est, on est en apesanteur et on apprécie pleinement la beauté des chansons du disque “Frères De Songs”, comme le morceau-titre et la très jolie et très poétique Canopée sous les étoiles, mélangeant toutes avec bonheur jazz et soul. La voix est aérienne, les instruments le sont tout autant, sans oublier une certaine gravité quand il le faut. À la batterie, Julie Saury est impressionnante. Les émotions déjà ressenties à l’écoute du disque sont augmentées et on ressort allégé de cette première partie.

Il n’y a aucun temps mort avec le Soul Shot All Stars et Curtis Salgado. Autour de Fabrice Bessouat à la batterie, on a Anthony Stelmaszack à la guitare, Eamonn Flynn aux claviers et Kris Jefferson à la basse. Ce groupe de cadors construit tout de suite un édifice musical solide pour accompagner Curtis qui déboule sur scène dans une forme vocale et physique qui laisse penser qu’on va en prendre plein les yeux et les oreilles. En quelques morceaux, un shuffle où il évoque fortement B.B. King au chant, un Nobody but you punchy, un premier titre du nouvel album à paraître [“Fine By Me”, paru fin juin] Better things to lie about, un superbe blues en tempo moyen I found me a new love avec Anthony superbe à la guitare, Curtis montre une fois de plus quel immense chanteur il est. Il sait en outre agencer les morceaux pour varier les plaisirs, blues, soul, rhythm & blues, rock ‘n’ roll louisianais, funk. On apprécie Fine by me, autre titre du nouveau disque, puis Walk a mile in my blues, on grimpe jusqu’au plafond sur I was born all over, et on frissonne lors de l’introduction churchy à l’orgue de The longer that I live the older I wanna get. Après deux généreux sets, Curtis revient pour un rappel torride sur le rock ‘n’ roll Slow down dédié à Alain Mallaret, fondateur de la revue Big Beat, présent dans la salle.