7 août 2023.

Une soirée de blues les pieds dans le sable, sur fond de mer bleue et soleil éclatant, c’est possible et ça se passe à Pornichet, avec Blues sur la Plage organisé tous les ans par le Casino de la ville et une programmation concoctée brillamment par Kévin Doublé. Le site est agencé d’une nouvelle façon, entièrement ouvert sur la plage, ce qui facilite la participation du public, ceux qui sont venus pour l’événement et ceux qui s’y raccrochent au hasard de leur promenade. On y retrouve ainsi des amis, on y fait de nouvelles connaissances et on savoure l’ambiance de vacances.

Arnaud Fradin et Thomas Troussier ouvrent la soirée et déploient vite cette belle aura acoustique qu’on ressent à chacune de leurs prestations. On connaît leur répertoire, Muddy Waters, Skip James, Bob Dylan, Malted Milk, Robert Johnson, c’est aussi celui qu’ils jouent en quartet avec le Roots Combo, mais c’est comme à chaque fois une (re)découverte tant ils savent le garder vivant et frais. Thomas est particulièrement créatif à l’harmonica, et Arnaud innove, parfois malicieusement, à la guitare. Leur complicité s’étend vite au public.

On découvre ensuite Cat Lee King, pianiste et chanteur allemand accompagné par Julien Broissand à la guitare, Abdell B Bop à la contrebasse et Denis Agenet à la batterie. Il a déjà joué en France, mais pas encore partout et, pour le connaître et l’apprécier sur disque, on est impatient de profiter sur scène de sa voix puissante, son jeu de piano solide, et son rhythm & blues millésimé. Après un instrumental de chauffe, il lance une reprise de I’m just what you’re looking for de Christine Kittrell et on se dit que, pour aller chercher ça, ce monsieur doit connaître son affaire.

Il va le confirmer tout au long d’un set fougueux, parsemé de reprises tout aussi érudites de Wynona Carr, Don & Dewey, Muddy Waters et des compositions comme le terrible Final call. Sa voix légèrement rocailleuse porte facilement les textes et les ambiances, son piano est à l’unisson, et le groupe est au taquet avec une collection de jolis solos de Julien.

Tout est prêt pour accueillir Alabama Mike & The Soul Shot All Stars, soit Anthony Stelmaszack à la guitare, Damien Cornélis aux claviers, Julien Dubois à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie. L’homme est visiblement en forme et attaque avec Somewhere down the line de Little Johnny Taylor. Il plonge ensuite dans son répertoire avec SSI, Upset the status quo, l’émouvante ballade I can’t stay here long, en intercalant une reprise de Think de Jimmy McCracklin, avant de mettre en valeur le répertoire de son dernier disque.

C’est d’abord le morceau-titre Stuff I’ve been through puis Fat shame qui fait basculer le concert dans l’extraordinaire. Le public, qui n’a cessé de gonfler au fur et à mesure de la soirée, se met debout et danse. Alabama Mike s’amuse, le Soul Shot All Stars aussi, qui le soutient impeccablement, avec un rythme d’enfer et des solos de claviers et de guitare incendiaires. Mississippi est comme toujours un grand moment avec le public appelé à chanter en chœur, et l’apparition de Kévin Doublé à l’harmonica. Comme si ce n’était pas assez, Thomas Troussier se joint à la bande sur le morceau suivant, une reprise de Black Cadillac de Lightnin’ Hopkins ! Le concert se termine avec la traditionnelle bénédiction God is with you et on se sent béni en effet d’avoir vu un artiste aussi généreux.

La soirée se conclut par un magnifique feu d’artifice tiré depuis la mer, c’est parfait pour retourner à la voiture et rentrer le sourire aux lèvres.

Texte : Christophe Mourot
Photos © J-M Rock’n’Blues (sauf mention)
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