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Live reports / 25.11.2024

Blues Camp 2024

Du 22 au 26 octobre 2024, Villeneuve-sur-Lot et Tournon d’Agenais.

Cette année encore, le Blues Camp organisé par Christian Boncour et son équipe réunit plus de cinquante stagiaires en chant, guitare, claviers, saxophone, harmonica, basse, batterie, et une équipe de professeurs de haut niveau avec les habitués Michel Foizon, Gladys Amoros, Tonky de la Peña, Nico Wayne Toussaint, Paul San Martin, Drew Davies, Sylvain Tejerizo, Abdell B Bop, Hugo Deviers, deux invités de luxe, Katarina Pejak et Chris Bergson, et, pour couronner le tout, Chris O’Leary et son groupe, Mike Lynch à la guitare, Brooks Milgate aux claviers, Shiela Klinefelter à la basse, et Chuck Cotton à la batterie.

Quatre jours de travail par spécialité, très vite entrecoupé de répétitions des morceaux prévus pour le concert final, et quatre soirées en deux parties, une masterclass avec l’un des professeurs, et une scène ouverte pour les stagiaires. La masterclass du mardi 22 est tenue par Tonky de la Peña qui montre encore une fois que son titre de “père de la scène blues espagnole” n’est pas usurpé. Gentillesse, blues et feeling, sont les trois termes qui peuvent décrire Tonky presque complètement.

Mercredi 23, c’est au tour de Katarina Pejak d’animer la première partie de soirée, ce qu’elle fait avec un sérieux, une rigueur, une humilité et une grâce, qui laissent pantois. Sa voix et son jeu de piano suspendent le temps. La jam qui suit voit Chris O’Leary, ses musiciens, et aussi Chris Bergson et Katarina Pejak, envoyer un Going down d’anthologie, un Gonna have a funky good time du même tonneau, et un medley blues lent Long distance call/Honey bee à grimper aux rideaux, avant que les professeurs français montrent qu’ils sont tout à fait à la hauteur de cet amical défi.

Le jeudi est dévolu à Chris Bergson et lui aussi va suspendre le temps avec une série de morceaux interprétés seul à la guitare et au chant. Mean disposition avec guitare slide en introduction, Key to the highway, What would I do without you avec Paul San Martin au piano, Going back to Memphis avec Chris O’Leary à l’harmonica et une composition, Going home, en conclusion. Nico Wayne Toussaint frappe fort dans la jam qui suit sur Just a little bit et une formidable reprise de Come on in this house.

Le dernier jour de la semaine est traditionnellement fort puisque c’est celui de la répétition générale du concert des stagiaires et de la soirée animée par le groupe vedette. Le répertoire des stagiaires est éclectique, puisé chez Otis Rush, John Littlejohn, Papa George Lightfoot, Sam Cooke, Magic Slim, Freddy King, Guitar Gable, Big Joe Turner, Ray Charles, Johnny Guitar Watson, Albert King, Little Walter, Bonnie Lee, Solomon Burke, sans oublier le morceau gospel traditionnel.

Après le dîner, Chris O’Leary et son groupe vont dédier la soirée à la musique de La Nouvelle-Orléans, où Chris a travaillé plusieurs années comme chef de l’orchestre du club de Levon Helm. Dès les premières notes, la claque est énorme. Les classiques s’enchaînent, dans des interprétations certes musclées mais toujours dans l’esprit. Tipitina, Going to the Mardi Gras, Don’t you just know it, qui génère une joyeuse chenille des stagiaires tout en braillant le refrain, une composition Bills to pay, puis d’autres reprises, I just kissed my baby, Hey pocky way, One night of sin, Iko iko prolongé en When the saints go marching in, et le délire final sur Land of 1000 dances en medley avec Everybody needs somebody to love. Il faut quelques minutes aux stagiaires pour redescendre sur terre et lancer la dernière jam du stage, parsemé de nouveaux moments forts.

Drew Davies, Sylvain Tejerizo, Chris O’Leary

Le samedi est le grand jour, lancé par le concert des stagiaires à 19 heures. Les réactions du public, entendues à l’arrière de la scène où, stagiaire moi-même, j’attends mon tour avec les autres, laissent penser que les prestations sont appréciées.

Les professeurs enchaînent, en commençant par un instrumental d’Edgar Blanchard, emmené par Drew Davies. Michel Foizon prend le lead sur une version groovy de How long de Leroy Carr, avant que Nico Wayne Toussaint déploie son énergie sur Wella wella wella baby de Johnny Copeland. Il est rejoint par Gladys Amoros pour chanter Soothe me de Sam Cooke. Tonky de la Peña joue la carte blues électrique grand teint avec So many roads d’Otis Rush et c’est déjà le final avec un blues cool chanté par Paul San Martin. Hugo Deviers et Abdell B Bop sont à la rythmique, Sylvain Tejerizo honke au saxophone baryton, tous ont un talent fou, chantant et jouant de la plus entraînante des façons. On danse, on chante, on sourit.

Chris O’Leary et son gang sont en vedette et déroulent leur set autour du dernier album “The Hard Line”. Déjà excellent en studio, le répertoire prend une couleur supplémentaire grâce à l’énergie et l’urgence du live. Le premier titre donne la tendance : blues, rock, rock ‘n’ roll, rhythm and blues, chant arrache-tripes, harmonica puissant, communication sympathique avec ce qu’il faut d’émotion, notamment lors d’un hommage parlé à James Cotton. Lost my mind, No rest, Who robs a musician?, puis My woman has got a cross-eyed cat avec un énorme solo d’harmonica, Need for speed, avant un Folsom prison blues speedé et la montée sur scène de Katarina Pejak et Chris Bergson pour Ophelia.

La suite sera perturbée par des coupures de courant intempestives, mais, en bons professionnels qui en ont certainement vu d’autres, Chris et ses comparses reprennent le fil à chaque fois. Drew Davies et Sylvain Tejerizo apparaissent pour Let the good times roll, vite rejoints par des stagiaires aux chœurs et à la guitare, ainsi que Nico Wayne Toussaint à l’harmonica. Le premier rappel se fait sur The weight avec Chris Bergson déchaîné et le deuxième sur I can’t be satisfied, avec le même Chris Bergson à la guitare slide, et Abdell B Bop à la contrebasse bien slappée. Tout du long, Chris O’Leary aura été un formidable meneur, soutenu par des cadors dont l’entente a fait plaisir à voir. C’est la marque des artistes talentueux, taillés pour le partage et la fête.

Texte et photos : Christophe Mourot

Michel Foizon – Gladys Amoros – Nico Wayne Toussaint
Chris O’Leary