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Live reports / 19.11.2022

Blues Camp & Blues Station 2022

25-29 octobre 2022, Villeneuve-sur-Lot et Tournon d’Agenais

L’édition 2022 du Blues Camp, clôturée par le concert “Blues Station” a encore été une réussite. Pour le Blues Camp, plus 50 stagiaires participent aux cours de guitare, basse, batterie, harmonica, piano, saxophone et chant, animés par un “all-stars” américain et européen. Jugez plutôt : Alex Schultz, Barrett Anderson, Michel Foizon, et Tonky de la Peña pour la guitare ; Paul Loranger et Abdell B Bop pour la basse ; Kurt Kalker et Hugo Deviers pour la batterie ; Russ Green et Nico Wayne Toussaint pour l’harmonica ; Anthony Geraci et Paul San Martin pour le piano ; Drew Davies et Sylvain Tejerizo pour le saxophone ; Billy Price et Gladys Amoros pour le chant. Du mardi au vendredi, les journées se déroulent entre travaux en groupe, répétitions, masterclasses et jam sessions.

La masterclass du mardi est dévolue à Alex Schultz. Après avoir retracé sa carrière, Alex invite Billy Price à chanter avec lui sur Who will the next fool be et Rainy night in Georgia. Ils sont rejoints par Anthony Geraci, Drew Davies, Paul Loranger et Kurt Kalker, vite complétés par Sylvain Tejerizo pour un T-Bone jumps again qui fait du bien. Le mini concert s’achève avec Black night, chanté par Billy et orné de solos superbes par Anthony, Sylvain et Alex.

Le mercredi soir, c’est Russ Green qui parle de lui et joue quelques titres, accompagné par Antony Geraci et le Boston All-Stars. Influencé par Sugar Blues, le jeu de Russ Green, entièrement en “tongue blocking” est à la fois moderne et traditionnel, les références aux classiques abondant dans ses versions de Help me ou Messin with the kid, et pour cause, et son chant en porte aussi la marque.

Anthony Geraci prend la suite le jeudi soir. Après son témoignage personnel, il joue seul un Pinetop’s boogie woogie qui intègre de nombreuses phrases d’autres classiques et accueille Billy Price pour chanter une jolie reprise de River’s invitation. Le Boston All-Stars grimpe sur scène et la soirée bascule dans le grandiose avec des titres du dernier disque d’Anthony, chantés par lui-même ou Billy Price, un instrumental jazzy appelé A minor affair, des solos de guitare, saxophone ou piano à tomber par terre, pour finir sur I don’t want no woman chanté par Billy avec Russ Green à l’harmonica.

C’est justement Billy Price qui est en vedette le vendredi soir. On aime le contraste entre sa voix grave quand il parle, plus haut perchée quand il chante, ses trémolos, parfois très prononcés, et son sens de la scène, avec les spectateurs et les musiciens qui l’accompagnent. Il revisite certains de ses anciens titres et aussi Can I change my mind, This time I’m gone for good, avec un solo de Russ Green, et propose What have I done wrong en rappel.

Toutes ces soirées se poursuivent par la très attendue jam session entre stagiaires, parfois avec les professeurs, et les moments musicaux d’exception sont nombreux, tant le niveau moyen est élevé.

Le samedi est le jour du concert final, qui n’est pas le seul à rendre la journée spéciale. Les retours exprimés par toutes et tous, stagiaires, professeurs, organisateurs, lors du repas de midi, sont justes, sensibles, émouvants, et quand ça se finit avec tout le monde debout, à chanter et danser, ça laisse des souvenirs forts.

La soirée débute avec le concert des stagiaires. Dix-huit titres de blues, soul, gospel, repris, entre autres à Howlin’ Wolf, Sam Cooke, Sonny Boy Williamson n°2, Jimmie Vaughan, Freddie King, Slim Harpo, Jimmy Reed, Percy Mayfield, Leroy Carr & Scrapper Blackwell, Rufus Thomas, et interprétés avec ferveur pour un public qui réagit très positivement.

Ce sont ensuite les professeurs qui démontrent leur talent. Gladys Amoros au chant, Alex Schultz à la guitare, Paul San Martin au piano, Abdell B Bop à la basse, Hugo Deviers à la batterie, c’est partie pour une solide reprise électrique de Canned heat, avec un rythme à la Bo Diddley, qui lance impeccablement le set. Gladys sort, Russ Green entre pour Help me sur lequel Alex prend un solo étincelant, suivi par Paul à l’orgue et Russ à l’harmonica non amplifié. Tonky de la Peña prend la suite de Russ, avec un blues façon Who’s been talking qui est l’occasion d’une gentille joute entre Tonky et Alex aux guitares. Ils sont rejoints par Nico Wayne Toussaint, dont l’énergie toujours aussi impressionnante et efficace trouve son application dans un medley Don’t start me to talking / Evil avec des solos incendiaires. Nico s’efface pour laisser la place à Drew Davies et Sylvain Tejerizo qui accompagnent Paul San Martin sur You are my sunshine, commencé en solo pour rendre hommage à Jerry Lee Lewis décédé la veille, et poursuivi en orchestre, avec le retour de Nico et un solo de contrebasse slappée par Abdell.

Si la soirée s’arrête là, c’est déjà un grand concert. Mais il y a encore Anthony Geraci & The Boston All-Stars, avec Billy Price et Drew Davies. Le groupe commence avec Anthony au chant sur In the quick sand again suivi par un titre rock ‘n’ roll qui chauffe la salle pour l’arrivée de Billy Price. Il chante son Dog eat dog, bien introduit par la guitare à effet de Barrett Anderson. Can I change my mind en soul sudiste, That old pine box sur lequel Anthony lui laisse le chant, sont autant de chansons de qualité, superbement interprétées, au chant comme aux instruments, avec la rythmique solide de Paul Loranger et Kurt Kalker, et la pause à mi-concert est presque frustrante car on n’a pas envie que ça s’arrête.

Heureusement, le spectacle reprend vite, avec Tutti frutti booty et Anthony au chant, auquel Billy Price succède sur Everything I do is wrong et I’m steppin’ out qui voit aussi apparaître Alex Schultz. C’est ensuite Russ Green qui est vedette avec le blues lent Last night et des solos de lui-même mais aussi d’Anthony au piano, Drew Davies et Sylvain Tejerizo au saxophone, Barrett Anderson et Alex Schultz à la guitare, c’est la fête totale ! Billy reprend le micro sur l’excellent 39 steps, secondé par Barrett aux chœurs et, là encore, orné de multiples solos sur tous les instruments. Alex Schultz sourit jusqu’aux oreilles, et nous spectateurs devons en être le reflet avec ce formidable concert qui, malheureusement, touche à sa fin. Le rappel sur I don’t want no woman aide à redescendre.

Merci à Christian Boncour et son équipe pour l’organisation de tels événements, et à tous les musiciens pour y répondre présent à ce très haut niveau.

Textes et photos : Christophe Mourot

Anthony Geraci
Billy Price
Blues StationBluescampChristophe Mourot