Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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5 juillet 2024.
Après avoir été une des sensations des dernières Transmusicales fin 2023 et la sortie en mars 2024 d’un album bien accueilli, Brittany Davis s’offre sa première vraie tournée française, qui passe par quelques festivals et par le New Morning.
La faute sans doute au foot et à un concert gratuit quelques jours plus tôt dans le cadre du festival de jazz à la Défense, la salle n’est pas tout à fait remplie, et le public, très enthousiaste, n’est visiblement pas là par hasard et semble déjà familier du répertoire du disque (hélas pas en vente sur place). C’est avec un trio que l’artiste, qui joue de tous les instruments ou presque sur son album, se présente, avec Vivienne DeMarco à la guitare, Jesse Stern à la basse et Conrad Real à la batterie, soit le même groupe qu’aux Transmusicales. Les looks spectaculaires de DeMarco et Stern, entre les Cramps et Funkadelic, ainsi que la présence scénique des trois musiciens – il arrive au batteur de jouer debout – contrastent avec la discrétion de Davis, assis.e à son clavier et qui ne prend que très occasionnellement la parole, laissant la musique s’exprimer à sa place.
Sans surprise, c’est le répertoire du disque qui constitue le fil rouge du concert, mais les chansons bénéficient sur scène d’une énergie différente que permet la présence de musiciens particulièrement impliqués. Chaque titre fait donc l’objet d’une version réinventée et la chaleur du live et la large part laissée à l’improvisation contribuent à donner à l’ensemble un dynamisme qui manque peut-être aux enregistrements.
C’est frappant dès le début du show avec deux des premiers titres, Sho nuff et Lashes, traités sur un mode funk irrésistible tandis que le jeu de clavier de Davis convoque les esprits de Stevie Wonder et de Bernie Worrell. Tout au long du show, iel fait la preuve d’une virtuosité sans frontière, s’offrant même un passage de “church music”. Si Through the motions offre un moment de répit dans la tornade initiée par Davis, l’essentiel du show est porté par le funk, et le public renvoie volontiers au groupe le même type d’énergie, au point que Brittany Davis prolonge le second set, qui comprend notamment une version à rallonge de son désormais classique Serpicon, bien au-delà de ce qui était prévu, malgré les gestes de plus en plus désespérés de son road manager qui lui répercutent ses musiciens.
L’énergie dépensée tant sur scène que dans la salle est telle que tout rappel aurait été superflu et c’est sur une belle note de communion artiste-public que se termine un concert mémorable, qui confirme que Brittany Davis fait partie des artistes qu’il faudra surveiller de près ces prochaines années !
Texte : Frédéric Adrian
Photos © J-M Rock’n’Blues
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