Déjà connue en tant que flûtiste, compositrice et chanteuse pour ses trois EP, pour sa collaboration avec Laurent Bardainne & Tigre d’Eau Douce, Célia Wa est aussi la partenaire de Sonny ­Troupé et de Casey dans le groupe Expéka qui porte des textes puissants sur les traces mémorielles de l’esclavage colonial aux Antilles. Avec son premier album “Fasadé”, l’artiste d’origine guadeloupéenne pose ses propres textes, chantés en créole, sur une fusion de neo soul, de hip-hop, de jazz, de sonorités electro.

À la fois organique, avec sa voix et sa flûte traversière, et électronique. Toujours ancrée dans l’influence du gwoka, que Célia Wa avait étudié à l’école du maître Georges ­Troupé. Entourée de Xavier Belin aux claviers, de ­Christophe Négrit à la batterie et tambour ka, Célia a réfléchi l’album de façon globale, comme une exploration des émotions qui jalonnent son parcours. En créole “fasadé” signifie “faire face” ou “se rencontrer” : faire face à ses parts de tristesse (Fasadé, No lies), de colère (Ola), de demande de justice (Sango), d’amour (Souljah). Adresser une lettre à son fils (Huey), aborder le sujet de l’aliénation (Démounaj) en transcendant colère et résilience, ou encore prendre de la force tous ensemble pour avancer (Rasanbleman, une reprise de la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe). David Walters, avec lequel Célia a déjà collaboré, intervient sur les arrangements. Sincère, porteur de sens, invitant à la danse comme une façon de se reconnecter aux émotions, l’album “Fasadé” est une grande réussite. 

Alice Leclercq

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Heavenly Sweetness
Sortie : 28 février 2025