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Live reports / 17.03.2017

Charlie Musselwhite Band

Il est 21 h 40 et on passe la porte du minuscule club de jazz. C’est un maître bluesman qui se produit ce soir-là. Charlie Musselwhite, 73 ans au compteur, a parcouru le monde de long en large mais la terre du Delta n’a jamais cessé d’imprégner ses semelles. Dès le premier morceau, on sait que Charlie, simple et généreux, passera sa soirée à nous chanter cette Highway qu’il s’est choisie pour unique demeure et ces hip-shaking mamas du Tennessee qui ont le diable en elles. Comme à chaque fois, c’est une tranche de vie, de son propre vécu, qu’il est venu partager avec nous.

 


Charlie Musselwhite

 

De morceaux inédits (magnifique et sensible Sad eyes, peut-être prélude à un album à venir) en traits d’humour et anecdotes vécues (sur Maxwell Street et les acteurs de l’âge d’or du blues que Charlie a côtoyés, comme Sonny Boy Williamson et Louis Myers), c’est comme si l’on passait une soirée chez son meilleur ami. Quand Charlie, le sourire aux lèvres et les yeux mi-clos, se penche sur son harmonica, c’est pour démontrer que le blues est « une musique de danse », comme il aime à le rappeler, qui nous accompagne dans les moments de joie et qui nous aide à traverser les épreuves. En témoignent ce soir-là des compositions de sa plume comme Good blues tonight ou Blues gave me a ride, issues de son dernier CD autoproduit, “I Ain’t Lyin’”. Bien servi par une balance tip-top et une configuration intimiste, le blues de Charlie ne nous enfonce pas dans la peine mais nous apporte du réconfort et nous rapproche les uns des autres.

 


Matt Stubbs

 


Randy Bermudes

 


June Core

 

Il faut souligner l’excellence de ses accompagnateurs. En artiste vétéran, Musselwhite sait s’entourer de musiciens accomplis ; en mentor respecté, il sait les tirer vers leur meilleur. Randy Bermudes à la basse, l’incomparable June Core à la batterie hors-pair, et Matt Stubbs à la guitare, qui n’a cessé de parfaire et d’épurer son jeu depuis son arrivée dans le groupe de Charlie. La musique respire et entraîne, tandis que le charisme, la voix à l’accent typique du Sud et le souffle de Musselwhite agissent comme un baume, jusqu’à ce final, attendu mais magistral, sur un Cristo redentor contemplatif qui laisse sans voix et heureux.

 

 

 

 

Force est de constater qu’il n’existe plus guère aujourd’hui de bluesmen de la trempe de Charlie Musselwhite. Une franche accolade après le show, quelques échanges de blagues et dans la nuit parisienne, tandis que son épouse Henrietta nous apprend qu’il vient d’enregistrer un nouvel album commun avec Ben Harper (cf. “Get Up!” sur Stax en 2013) dont la sortie semble prévue pour le début d’année prochaine, le regard de Charlie semble se porter au loin. Déjà prêt à reprendre la route.

Éric D.
Photos © J-M Rock’n’Blues
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