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Hommages / 02.02.2023

Charlie Thomas (The Drifters) (1937-2023)

Les vétérans de la scène doo-wop et R&B des années 1950 se font évidemment rares, et avec la disparition de Charlie Thomas, c’est la fin d’une longue histoire, celle des Drifters dont il était le dernier membre majeur survivant.

Originaire de Lynchburg, en Virginie, Charlie Thomas est basé à New York quand il intègre, aux environs de 1957, un groupe vocal déjà actif depuis plusieurs années, les 5 Crowns, qui ont déjà enregistré plusieurs disques depuis le début de la décennie. Rejoints par un certain Benjamin Earl Nelson (qui ne tarde pas à se rebaptiser Ben E. King), le groupe grave sous la houlette de Doc Pomus un single pour un nouveau label, R&B, intitulé Kiss and make up, sur lequel Thomas assure le chant principal. Le disque connaît un certain succès local qui lui permet d’être embauché fin 1958 pour une semaine de concerts à l’Apollo dans le cadre d’une revue montée par le DJ Dr. Jive, avec à l’affiche Ray Charles, Solomon Burke, Ann Cole et les Drifters. Si les concerts se passent bien pour les Crowns, ça n’est pas le cas pour les Drifters, récemment privés de leur chanteur principal Bobby Hendricks, et en conflit avec leur management. George Treadwell, qui chapeaute la carrière des Drifters, décide alors de se débarrasser de tous les membres du groupe et propose aux Crowns, qu’il a vus à l’Apollo, de devenir les nouveaux Drifters et d’assurer les concerts prévus. 

Après près d’un an de tournée, en particulier dans le Sud, où le groupe croise notamment la route de Screamin’ Jay Hawkins, il finit par entrer en studio pour une première séance d’enregistrements en tant que Drifters, sous la responsabilité de Jerry Leiber et Mike Stoller. Si Thomas assure la partie de chant principal en duo avec Elsbeary Hobbs, c’est un titre écrit et chanté par Ben E. King,  There goes my baby, qui devient un succès majeur, atteignant la première place du classement R&B et la deuxième du Hot 100. La nouvelle carrière du groupe est lancée, et les tubes s’enchaînent, avec des chansons comme Dance with me, This magic moment et Save the last dance for me, toutes emmenées par la voix de King. Celui-ci décide cependant de se lancer dans une carrière solo en 1960. 

Si Charlie Thomas assure un temps le chant principal pendant les concerts, le groupe est ensuite rejoint par Rudy Lewis, qui assure ce rôle sur la plupart des enregistrements. C’est cependant la voix de Charlie qui est mise en avant sur Sweets for my sweet, qui devient un tube à l’été 1961. Bien qu’il soit rarement positionné au premier plan, Thomas reste jusqu’en 1967 la constante au sein d’un groupe qui connaît de très nombreux changements de composition. C’est son mécontentement avec le management du groupe après le décès de George Treadwell qui finit par le convaincre de quitter les Drifters à la fin de l’été 1967, après neuf années passées au sein du groupe, un record dans les années Atlantic de l’ensemble. 

S’il tente ensuite de se lancer dans une carrière personnelle, avec notamment deux singles en 1969 sur Old Town Records, Thomas ne tarde pas à monter sa propre version des Drifters. Faye Treadwell, qui a pris le management du groupe au décès de son père, tente de l’en empêcher, mais la justice lui donne tort, et c’est sur le circuit de la nostalgie que Thomas poursuit sa carrière, publiant ponctuellement quelques singles et des albums en public reprenant le répertoire classique du groupe et se produisant au moins jusqu’en 2019. 

Texte : Frédéric Adrian
Photo : The Drifters avec Charlie Thomas (assis) © DR / Collection Gilles Pétard

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