Cette année, l’horaire quotidien du festival a été quelque peu modifié (fin à 21h à la place de 21h30) de façon à laisser une belle soirée aux clubs. Si le Legends propose des bluesmen simultanément au festival (le seul), d’autres jouent le jeu de l’after avec une exception : le Rosa’s. Son fondateur, Tony Mangiullo, a obtenu le privilège d’ériger une petite scène alternative sur l’esplanade la plus populaire du parc, le Rosa’s Lounge. Y défilent les espoirs et désespoirs de demain mais aussi des habitués de sa programmation, les Mary Lane, Rob Stone, John Primer… Très sympa. Sinon, en pré et post event, voici ce que nous avons apprécié.

Morry Sochat au Legends. Peut-être mon chanteur-harmoniciste préféré, swing et waltérien. Toujours des pointures dans son groupe, connues (Kenny Smith à la batterie, Chris Neal au chant et au sax ténor) ou à découvrir (son guitariste Mondo Cortez). Et quand Buddy Guy vient chanter du Muddy Waters, vous rayonnez.

Mississippi Heat au Nick’s Beer Garden. Pierre Lacoque (harmonica), Inetta Visor (chant) , Michael Dotson (guitare) et leur fidèle section rythmique sont toujours top. Va et vient gratuit dans ce bar bobo du quartier de North Milwaukee. Je crains d’être le seul consommateur fan et attentif.

Soirée spéciale harmonica au Reggie’s. Le pied ! Prenez le noyau de base : Brad Hyman (contrebasse), Willie Hayes (batterie) et Mark Wydra (guitare swing blues à la Jimmy Rogers). Ajoutez en cours de route Rie Kanehira (piano). Et maintenant, faites défiler les harmonicistes : Martin Lang (nuancé et marqué par les pionniers), Rob Stone (waltérien), Omar Coleman (le plus SB Williamson II) et les leaders des Cashbox Kings (Joe Nosek, excellent ; Oscar Wilson aux vocaux façon Muddy Waters) et vous passez une grande soirée rétro bien vivante.

Soirée pro-jam en after (Reggie’s toujours) : Jimmy Johnson en ouverture, avec Billy Flynn (harmonica et guitare) et de solides accompagnateurs, dont Brother John Kattke (claviers), Melvin Smith (basse), Dave Katzman (guitare). Même The thrill is gone est frais. Et c’est gratuit ! 

Texte et photos : André Hobus

Beau doublé au Kingston Mines : Mike Wheeler et Corey Dennison, tous deux en forme et avec leurs accompagnateurs réciproques. Si le premier tente parfois de séduire avec des adaptations libres et bluesy de succès populaires, le second reste dans son répertoire soul blues à la Mighty Joe Young. J’aime mieux.

Elvin Bishop Big Fun Trio au City Winery. Grand club resto très “uptown” qui propose une programmation prestigieuse (prix en conséquence). Sold out pour notre Californo-Chicagoan dont les titres perso ironiques ou le pedigree Paul Butterfield font toujours recette. Bob Welsh (piano, guitare) et Willy Jordan (percussions, j’aime moins la voix) s’amusent aussi. Et toujours la slide de Bishop, sinueuse et mélodieuse. Un régal.

Smokedaddy’s un soir de semaine. Studebaker John (chant, harmonica, guitare) a renoncé à attirer l’attention des consommateurs et joue pour lui, avec pour soutient Earl Howell aux balais. Que lui rapporteront les seuls pourboires ?

Enfin, nous avons assisté à un non-événement à la Willie Dixon Blues Heaven Foundation (ex-studios Chess) : la célébration des 55 ans de l’album des Rolling Stones enregistré en ces lieux mêmes, “12×5”. Heureusement que nous étions présents : 10 personnes avaient répondu à l’invitation VIP, très mal diffusée. Expo de photos inédites prises par leur tour manager de 1964, Bob Bonis, et petit buffet soul food d’attente… d’une présentation sonore laborieuse. Ce fut l’occasion de revoir le studio, dont la rénovation en l’état originel est en bonne voie. Notre guide perso, la curatrice Janine Judge, nous en détailla tout l’historique. Nous partîmes au troisième morceau. Mais je peux maintenant me glorifier d’avoir occupé le spot de Mick Jagger. Ah, nostalgie quand tu nous tiens.