Enregistré et produit par Kid ­Andersen au sein de sa légendaire maison-studio, ce nouveau disque donne à écouter un Chris Cain en pleine forme qui évolue au sein d’un environnement richement cuivré (trompette, ténor, trombone).

Il bénéfice de l’appui d’un Kid plus créatif que jamais (claviers, mellotron, basse, tambourin, cloche !), de sa femme Lisa Andersen aux chœurs, du formidable et trop méconnu Greg Rahn aux pianos acoustique et électrique, d’une rythmique top niveau (June Core ou Sky Garcia à la batterie, Cody Wright à la basse) et, sur une plage, de Tommy Castro au chant. Un casting cinq étoiles qui permet à Chris de faire rayonner sa Gibson ES-335, dont la sonorité ronde, chaude et crémeuse est un ravissement.

Assimilé à tort à ses débuts comme un pâle imitateur de Robben Ford (ses premiers CD pouvaient en effet sonner trop lisse), Cain s’affirme en réalité comme un improvisateur au vocabulaire simple et direct, continuateur de B.B. King (le sound généreux et chantant) et d’Albert King (les bends, la netteté de l’attaque main droite… jusqu’à reproduire les interjections vocales avec lesquelles le Velvet Bulldozer ponctuait ses interventions – écoutez le saisissant Fear is my new roommate pour vous en convaincre). Adepte des orchestrations West Coast jazzy blues, il infuse à ses 13 morceaux originaux une énergie en aucun cas prise en défaut. 

Sa joie de jouer et de chanter est hautement communicative (son timbre, mâle, puissant, gouailleur parfois, n’a jamais paru aussi proche que celui de B.B.) dès le titre d’ouverture, le détonant shuffle Too ­little too late. Ses textes, bien tournés, oscillent entre mélancolie, fatalisme et autodérision, renforçant l’attractivité de compositions qui, malgré leur classicisme, ne ménagent pas leur lot de surprises (la tonalité presque pop de I was wrong, la violence de Still drinking straight tequila, les accents bossa du touchant Blues for my dad).

Ulrick Parfum

Note : ★★★★½
Label : Alligator
Sortie : 19 juillet 2024