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Live reports / 23.03.2018

Como Mamas

Quatre mois pile après leur premier concert officiel à Paris, les Como Mamas s’y produisaient à nouveau. Qui s’en plaindrait ? Pas un New Morning prêt à chavirer, emporté par la ferveur d’un gospel à l’ancienne, servi brûlant et bien bluesy.

Les trois chanteuses du comté de Panola, Mississippi, se présentent comme on les a découvertes il y a une dizaine d’années, a cappella. Au centre, Ester Mae Smith se charge de la grande majorité des leads avec un aplomb dévastateur. À droite, Angelia Taylor souligne les graves tandis qu’à gauche sa sœur Della Daniels prend de la hauteur. Du bonheur de louer le Seigneur. Et de représenter Como, la ville du bluesman Fred McDowell dont elles reprendront plus tard dans la soirée le fameux You gotta move.

 



Della Daniels, Ester Mae Smith, Angelia Taylor

 


Ester Mae Smith

 


Angelia Taylor

 


Della Daniels

 

Dès le deuxième titre le trio fait honneur à sa récente mue, chanter accompagné. En l’occurrence par Wallace Lester (batterie) et Jake Fussell (guitare), soit deux musiciens qui s'y connaissent en lowdown gospel puisqu'ils ont notamment officié derrière le Reverend John Wilkins. Non, nous n’aurons pas ce soir le son Daptone, ce crépitement funky d'une précision chirurgicale propre au célèbre house band du label de Brooklyn qui anime l’excellent “Move Upstairs”, deuxième album des Como Mamas. D’ailleurs les dames, d’une franchise désarmante, s’excuseront à plusieurs reprises de ne pas sonner aussi bien que le disque ! Précisant par ailleurs qu'elles enregistreraient bien le suivant avec leur tandem de tournée. Car cette formule épurée propose autre chose de tout à fait cohérent et convaincant. Oublions donc les lignes de basse magiques de Bosco Mann et plongeons en territoire Hill Country. Pulsation chamanique et riff en rase motte dansent en boucle et propagent irrémédiablement la bonne parole. Celle d'une “feel music” qui transcende les chapelles. Frissons garantis lorsque Della Daniels prend les commandes le temps d'une confession en mode mineur, I know I've been changed.

 


Wallace Lester, Angelia Taylor, Jake Fussell

 


Jake Fussell

 


Wallace Lester

 

Ce n'était que le tour de chauffe, le deuxième set redouble d'intensité. Déjà parce que les Como Mamas avaient gardé sous le coude la plupart de leurs pépites. Notamment l'irrésistible Out of the wilderness et un Count your blessings porté par une Della Daniels espiègle et enflammée. Et puis une Angelia Taylor qui se lève dès la reprise pour “growler” à tout va (Peace of mind), ça vous remet illico sur les rails de la rédemption festive. Elle prendra un autre lead sur l'incitatif Move upstairs. Le New Morning s'est levé, il danse, il communie. Amen.

 

 

 

 


Della Daniels fière de présenter le “prix soul” que l'Académie du Jazz a décerné cette année aux Como Mamas.

 

 

Nicolas Teurnier
Photos © J-M Rock'n'Blues
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