Dans la frénésie éditoriale doublée d’un ego trip récurant des diggers de vinyles sur “qui” aura déniché la dernière perle oubliée afro-psyché-funk-soul-rock-disco-garage, le label Analog Africa (et quelques autres) se distingue. Approche journalistique documentant des pans de musiques et leurs acteurs tombés dans l’oubli, soin et qualité éditoriale exemplaire, c’est du sérieux !

Si on peut grincer des dents sur une titraille un peu racoleuse (funk ?), la sélection fait ici la part belle aux productions électriques de la très populaire rumba (dont le soukouss est une digression). Cette bande-son que les deux capitales voisines Kinshasa et Brazzaville se disputent depuis les indépendances a toujours été en perpétuelle fusion. Mais la venue de James Brown lors du clash Ali/Foreman en 1974 à Kinshasa semble avoir boosté les envies de wah-wah, reverb et autres effets jusque-là peu présents dans la rumba des papas. Comme d’autres sur le continent à cette même époque, les orchestres du Congo et du Zaïre ont aspirés et recrachés à la sauce locale des vibrations venues des musiques occidentales (rock, funk, soul…).

On aurait bien vu les 8 minutes ultragroovy d’un classique des soirées afro-antillaise tel que Georgette Eckins de Sam Mangwana (que personne n’a jamais qualifié de funk), se glisser dans les 14 titres, mais Analog Africa opte pour du rare, probablement introuvable aujourd’hui. Un copieux livret, une remasterisation soignée. Pour reprendre les mots d’un cador de la rumba congolaise canal historique : on entre O.K, on sort K.O. !

Julien D.

Note : ★★★★
Label : Analog Africa
Sortie : 5 avril 2024