Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
;
15 mars 2019.
Depuis plusieurs années déjà, les concerts estampillés Arca Blues sont l’occasion de voir dans des conditions optimales (belle salle, scène spacieuse, lumières au top) la crème d’un certain blues rock contemporain. Les années précédentes, Devon Allman, le groupe Royal Southern Brotherhood de Cyril Neville, Mike Zito, Samantha Fish ou encore Marcus King s’y sont produits : une programmation de qualité dans le genre, mais qui sort des sentiers battus en France et qui fonctionne plus au coup de cœur qu’aux modes. C’est rare, mais c’est pourtant là le secret !
Le groupe italien Mandolin Blues, emmené par le guitariste Paolo Bonfanti avec le mandoliniste Lino Muoio, a déjà bien avancé dans son set lorsque j’arrive sur place. Je ne peux que constater combien l’enthousiasme des musiciens s’est transmis au public : les sourires sont sur toutes les lèvres, l’ambiance est chaleureuse et festive. Il est bon de rappeler de temps en temps que la mandoline n’est nullement étrangère aux sonorités du blues (Yank Rachell, ça vous dit quelque chose ?). Mais fi des cours d’histoire, c’est bel et bien le moment présent que célèbrent les musiciens.
Le volume s’élève nettement et la musique s’électrifie bien plus lorsque le groupe de Dana Fuchs prend possession de la scène. Mais le gros son ne veut pas dire que l’esprit change. Fortement ancrée dans l’héritage des “60s, la chanteuse américaine met son impressionnante énergie et son pouvoir de séduction (d’envoûtement ?) au service d’une célébration du partage et de la fraternité. Visiblement heureuse d’entamer sa première véritable tournée française, Dana Fuchs se donne entièrement : si elle utilise pleinement la belle scène de l’Arcadium, ce n’est pas aux dépens d’une relation de proximité avec son public. Alors que certaines vidéos d’elle qui traînent sur Internet pouvaient laisser craindre une imitatrice de Janis Joplin, Fuchs met d’entrée les points sur les “i” en privilégiant un répertoire personnel. Bien qu’elle soit très proche de Joplin dans sa manière de crier (c’est plutôt en fin de set qu’elle se lâche) sa musique est nettement plus blues rock. Elle ne tombe pour autant jamais dans les travers actuels du genre : le son n’est jamais brouillon les riffs invitent à se déhancher, les paroles parfois autobiographiques sont bien trouvées et les musiciens, impeccables, ne versent jamais dans la démonstration (mention spéciale au guitariste John Diamond).
Dana Fuchs n’abuse pas des reprises : elle cite les Beatles (Helter skelter) ou Johnny Cash (Ring of fire), mais aussi Otis Redding (Nobody’s fault but mine) et rend hommage à Gil Scott-Heron (Home is where the hatred is). Mais le rappel final sur Etta James (I’d rather go blind) semble superflu : c’est bien dans son répértoire à elle, qui comme Ready to rise ou Sad solution est majoritairement tiré de son album “Love Lives On” (enregistré l’an dernier à Memphis avec les musiciens du cru) qu’elle est la plus convaincante. Et qu’elle a même de quoi faire pâlir une Beth Hart !
Belle soirée à l’Arcadium d’Annecy, qui confirme l’impeccable travail d’amour d’Arca Blues autour d’une programmation blues rock de qualité.
Texte : Éric Doidy
Photos © Christophe Losberger