Ronnie Foster, New Morning, Paris, 2024
06.11.2024
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25 octobre 2024.
Certains l’ont découverte avec ses Swamp Sessions et son titre viral Yucky blucky fruitcake sur les réseaux sociaux, d’autres lorsque le fameux label californien TDE (SiR, SZA…) a annoncé sa signature. Doechii s’est fait un nom depuis 2021 en tant qu’artiste éclectique et à surveiller de près, et la sortie cette année de sa mixtape “Alligator Bites Never Heal” a prouvé qu’elle est plus qu’une rappeuse de la génération TikTok.
Pour sa première venue à Paris, direction l’Alhambra, une salle dont la capacité de 600 places paraissait suffisante pour cette date inaugurale dans la capitale. Les promoteurs auraient pourtant pu voir plus grand tant l’attente était forte, le concert affichant rapidement complet.
Dans un décor évoquant un marais floridien, en adéquation avec le thème de sa mixtape mais aussi pour rendre hommage à son État natal, l’artiste de 26 ans fait une entrée triomphale sur un de ses meilleurs morceaux, Boom bap. Le concert se poursuit avec les titres à la sauce old school de sa mixtape, à l’image de Boiled peanuts et Denial is a river marqué par son désormais célèbre bruit de respiration que les fans s’empressent d’imiter. Celle que l’on appelle la Swamp Princess déborde d’énergie et exécute régulièrement quelques pas de danse accompagnée de sa DJ Miss Milan.
Doechii est inclassable, tous les styles lui vont. Elle le prouve en étalant tout son registre, du hip-hop à la house avec Persuasive, en passant par la soul avec Black girl memoir (une chanson qu’elle dédie aux femmes noires, issu de son EP “Oh The Places You’ll Go”) et Sunday’s best qui prouve que la Floridienne a également de belles capacités vocales et est à l’aise aussi bien au chant qu’au rap.
L’adrénaline remonte à nouveau lorsque les premières notes de Nissan altima retentissent et font sauter les fans, prêts à l’accompagner dans ses couplets rapides et à crier « the new hip-hop Madonna, the trap Grace Jones ». Crazy et GTFO font également vibrer la salle.
Elle n’hésite pas à montrer sa proximité avec son public et le faire participer, que ce soit pour rapper une partie du couplet de JT lors d’Alter ego, ou encore décerner sur scène la couronne de « meilleure tenue de la soirée » à une chanceuse sous les applaudissements du public.
Place ensuite à What it is, un de ses morceaux les plus connus, et Wait, issu de “Alligator Bites Never Heal”. La salle s’illumine avec les lumières des téléphones avant de passer sur une petite cover de Human nature de Michael Jackson. Pour terminer la soirée, Doechii demande à l’Alhambra s’il a une chanson idéale pour conclure… Yucky blucky fruitcake, évidemment.
Avec son style versatile, son énergie unique, et avec les récents soutiens des plus grands rappeurs actuels, Kendrick Lamar et Tyler The Creator (elle apparaît dans le nouvel album de ce dernier “Chromakopia”), la machine Doechii n’est vraiment pas prête de s’arrêter.
Texte : Emma Ragot
Photo d’ouverture © Frédéric Ragot